Le cinéma sans les intermittents c'est une perche floue
dans une image grise, sans acteurs, et pas cadrée.
Tous les jours un oeil: de profil sur le festival.
Avec aujourd'hui de la galanterie et des averses.
Et dès l'ouverture, en invitant Nicole Kidman à danser, Lambert Wilson a prouvé que les gentlemen existent encore.
Une ouverture solaire donc, mais on sait que même à Cannes, le temps est parfois changeant...
Multilingue, nostalgique et parfois lyrique, Lambert avait aussi su dérider l'assemblée, pourtant déjà botoxée, sur les préparatifs de la star (et on m'a dit que pour les femmes, c'était encore plus de travail).
Et une petite leçon de piano donnée par Michael Nyman plus tard, le jury en place, et la bande annonce de la quinzaine défilée, Lambert fend l'assistance pour inviter Nicole, embarrassée mais ne laissant rien transparaître sur son visage de marbre, pour quelques pas de danse endiablés:
Elle: Oh, no.
Lui: Oh, yes.
Moi: Hey, what did you expect...
Il ne restait ensuite plus qu'à l'actrice Ciara Mastronianni (venue honorer l'un de ses deux mythes de parents) et au réalisateur empreint de gravité Alfonso Cuaron , à ouvrir dans toutes les langues le Festival 2014, puis à l'assemblée de chanter (à 4) Happy Birthday à Tim Roth et Sofia Coppola (léger vent frais).
Mais le temps se gâte assez rapidement par la suite puisque sur le plateau du Grand Journal, où on retrouve les mêmes, le déroulement de la cérémonie officieuse de la chaîne en clair, le ciel s'assombrit soudain par une averse d'intermittents, venus une fois de plus signifier qu'on ne fait pas de stars sans les éclairer, qu'il n'y a pas de biopics sans figurants, et pas de Palme d'Or sans travailleurs de l'ombre.
Le plus étonnant n'est pas qu'ils le fasse encore, c'est qu'ils aient encore à le faire.
On continue à penser que les intermittents sont des saltimbanques qui jonglent avec leurs dollars, payés à fiche rien - c'est bien connu , sur un plateau, on attend beaucoup- et qui à la fin du mois voient le salaire tomber du ciel par la grâce de Nicole et des autres.
Pour la plupart en effet, exercer leur métier est un plaisir et une passion, mais 90 % de leur travail consiste à en trouver, en permanence, vu qu'ils ont souvent des CDTCD , des Contrats de Très Courte Durée.
Si il faut vous faire un dessin:
Le cinéma sans les intermittents c'est une perche floue dans une image grise et pas cadrée.
Bref, Canal temporise en balançant pour un petit tour les images de Danse avec la Star.
On espère qu'ils auront très vite une petite tribune pédagogique pour expliquer une bonne fois pour toutes qu' au cinéma, il n'y a pas d'averse passagère surprenant les amoureux par une nuit chaude d'été, sans le mec hors du cadre qui tient le tuyau d'arrosage.
On passe tout de suite aux prévisions de demain...