En novembre, le Flamand Rose décroche la lune (ou presque).
Décrocher la lune, c'est surtout faire de chaque jour un moment à part, en dépit des contrariétés du quotidien, qui ne se lassent jamais de vous mettre des bâtons dans les pattes. Ces peaux de bananes financières, ces petits bobos au corps, ces soucis froncés du boulot n'entament pas, à grands efforts d'optimisme et de conneries, l'entièreté du jour passé. Et quand la lune se lève,même si ce n'est qu'un quartier, il faut que le Flamand Rose puisse lui crier : Cette journée en valait la peine et à chaque jour suffit sa petite joie...
INSTAN T : On t'a bien vue.
Entendu dans la rue, en rentrant un soir par les quais, successivement :
- Deux bouquinistes "en forme" chanter "I will survive" ou plutôt "La lala lalaaa, lala lala lalaaa lala lalaaa".
- Un musicien jouer du erhu (instrument traditionnel asiatique).
- Un chanteur de charme chanter sur un pont "I'm not the only one" de Sam Smith.
Paris ville de la fête de la musique, même en novembre.
HYSTORY :
- Tiens vlà en vrac ce mois-ci : Philippine Leroy Beaulieu, Florence Foresti.
- INSTAN T : Paris se souvient.
- 13 novembre: Happy Birthday Sidney.
- 13 novembre 25:
Que dire? Et surtout pourquoi? De quel droit? En quelle qualité?
Dans un monde où tout le monde est autorité, habilité pour s'exprimer sur tout et n'importe quoi, qu'ai-je à dire qui mérite le moindre intérêt. Malheureusement, aucune réponse possible si je n'écris rien, donc j'ai tenté..
Paris, 13 novembre 15 : Journée de la gentillesse. Le weekend qui précède on a fêté l'anniversaire de K, un de mes amis proches, dans le 11ème arrondissement.
Il faisait doux cette semaine, comme aujourd'hui. Comme je n'ai pas de job à plein temps, je me suis promené dans Paris : Palais Royal, le BHV qui installe sa déco de Noël, je m'assois dans le jardin des Archives, sentant le vent doux souffler dans les pins. Mercredi, chronique à France Inter. Pas très content, pas très heureux. Ce vendredi, donc, pas de très bonne humeur, je décide de rester chez moi au calme. Rien à la télé, because jour de foot. J'écoute Humanize de Lizzo (j'ai publié à ce sujet la veille), qui me redonne l'espoir de trouver l'amour.
B, un ami proche qui s'est éloigné depuis, m'appelle :
- Mon père est bloqué au stade de France.
J'allume aussitôt la télé. Et là, c'est comme tout le monde : On découvre le carnage au compte gouttes de sang.
Facebook me demande si je suis en sécurité. Flippant. On s'envoie tous des messages pour savoir si tout le monde va bien.
Les terrasses du 10ème et 11ème sont attaquées.
Et justement K m'appelle : Première sortie de sa compagne, M, depuis la naissance de leur petite fille, au resto avec des amis.Il est bloqué avec le bébé, elle ne répond pas aux messages.
Je tenterais bien de le rejoindre pour garder le bébé, mais nous en sommes empêchés par les forces de l'ordre qui nous disent tous de rentrer chez nous. Je ne le sais pas mais je suis à quelques mètres du resto où se trouve M, qui ignore tout de ce qui se passe jusqu'au moment où on les vire sans explications.
Le Bataclan est attaqué, on parle d'otages.
C'est l'horreur, comme dit le président.
Les sirènes qui hurlent dans la nuit, et les gyrophares qui illuminent Paris. La ville lumière vit ses heures les plus sombres.
La nuit fût longue, et le sommeil court.
Samedi 14 novembre 2015 :
J'ai dormi deux heures maximum. Je sors au petit matin. Dans le quartier, tout le monde est en apnée. Tout le monde redoute qu'il soit une nouvelle cible. Je vais boire un café au bar le plus proche, besoin de parler. Aucun souvenir de la journée qui suit, vide, blême, amorphe; Le soir je dois voir S et son copain dehors, je leur propose de venir chez moi. On allume une bougie en mémoire des victimes.
Dimanche 15 novembre 15:
Un café place des Vosges avec F, en terrasse mais sur nos gardes. On a toujours peur que ça pète à nouveau, mais on se dit qu'on doit continuer, réagir, vivre.
Que l'on touche à la liberté et Paris se met en colère, dit la chanson. Paris est en terrasse.
Le soir, une fausse alerte se propage jusque dans mon quartier. Panique générale. Par la fenêtre, j'aperçois des militaires dans l'arrière cour. Je finis par sortir pour constater que les terrasses sont dévastées, les garçons ramassent tristement débris de verres et mobilier renversé.
Les jours, les mois, et les années se sont enchaînés. Paris a retrouvé sa lumière. Paris a connu la flamme des jeux. Paris brille toujours.
En écrivant ces lignes, je n'ai pas répondu à toutes les questions, certes, mais à l'une d'entre elles, c'est certain : Hier 12 novembre 2025, je faisais le compte et me suis dit que j'ai vécu plus de temps dans mon modeste appartement de ce quartier de Paris que j'aime tant, que nulle part ailleurs dans ma vie entière. Je me sens chez moi ici. Et cette nuit d'il y a dix ans, c'est un parisien comme des millions d'autres qui a été blessé au coeur.
Et si ma devis est "Le roseau plie mais ne rompt pas", ce n'est pas loin du tout de "Fluctuat nec mergitur".
Paris se souviens. Je me souviens (autre devise). Peace & Love.
INSTAN T : Merci.
- Une escapade. Tout est découverte, tout est nouveau, tout est première fois. Je ne suis pas un grand voyageur, plutôt un grand curieux. Et c'est encore mieux quand on a deux paires d'yeux : On découvre aussi dans le regard de l'autre.
En tapant flamant rose sur Vinted :
Sérieux, est ce qu'on a déjà vu un flamant à poils se faire toiletter? Un peu de réalisme, les enfants ne sont pas aussi naïfs. Si? Ah bon.
Note pour plus tard : aller chez le coiffeur, je ressemble à un playmobil.
En tapant playmobil sur Vinted :
Une mère qui sirote ses mojitos en hypothéquant son capital soleil et laisse un gamin sans surveillance au bord d'une piscine sans barrière, au risque qu'il se noie, ou pire, soit étranglé par des algues génétiquement modifiées!?! J'espère que ce jouet est interdit à la vente!
- Quasi tous les matins je passe devant l'entrée de service de cet hôtel de Saint Germain, et quasi tous les matins, quand je passe entre 9h20 et 9h45, il y a ces deux femmes assises sur le pas de porte, que j'ai appelées "Les demoiselles de Saint Germain" : Elles pourraient être soeurs, une brune, une blonde, même frange, même blouse bleue de travail, même clope au bec.
Elles sont en pause, fument, papotent, rient, parlent à leurs collègues de l'hôtel. J'ai envie de les saluer, à la longue, de les prendre en photo, parce qu'elles me racontent chaque jour une micro histoire, un feuilleton en 1000 épisodes.
Elles rythment mon quotidien, et pendant quelques instants j'entends : Nous sommes des soeurs jumelles, nées sous le signe des gémeaux...
INSTAN T : Eventails #aboutlastweekend
- Interprétation des rêves :
L'autre nuit j'ai rêvé que j'étais en vacances chez des amis pour une fête d'anniversaire.
J'avais perdu mes baskets vertes fétiches, j'étais donc coincé avec des Vans vintage assez singulières: L'une garnie de morceaux de pommes façon tarte et l'autre tout pareil mais ananas.
Est-ce grave, docteur?
Dr : Il est certain que marcher comme vous le faites une heure par jour, et vous souvenir de tous les anniversaires, c'est pas de la tarte.
- 20 novembre : Happy Birthday Cécile.
- 22 novembre : Happy Birthday FX.
INSTAN T : La Perle forever.
Dans mon quartier où tout à changé en vingt ans, il est des endroits qui ne changent pas ou si peu.
La Perle, bar d'artistes et de modeux, d'habitués et de curieux, de bobos et jeunes vieux, n'a quasiment pas bougé à part ses toilettes (ils ont beaucoup cherché et expérimenté)et son four à pizzas. Un endroit à part, avec des clients à part, un personnel à part, en bordure du "haut marais" comme ils disent. Plus bas, on va pas. Plus bas, c'est chez moi...
- Il y a une mouchette, seule rescapée de l'été (ceci n'est que pure théorie, je n'y connais rien en espérance de vie des insectes), qui résiste encore aux frimas. Comme elle se sent seule, elle vient me dire bonjour pendant que je cuisine, ou pendant que j'écris, attirée sans doute par la lumière de l'ordi.
J'hésite à lui donner un nom, et j'hésite entre Marie Antoinette et Merteuil (pour la petite mouche).
C'est vrai qu'elle doit solidement se faire chier toute la journée quand je suis au boulot.
Ce qui m'enlève par ailleurs toute envie d'avoir un animal de compagnie, par respect pour eux.
Et si je dois être réincarné, je crois que je préfèrerais, plutôt qu'en mouchette, être réincarné en ongle.
- 29 novembre : J'ai peut-être mangé les meilleurs chicons au gratin de ma vie. Non, juste pour info...
Ce mois-ci sur ma playlist : Sade / Cherish the day
Ne pas oublier le mois prochain :
De vivre. D'aimer. Et de toujours raconter des conneries.