Wanted: table libre, morte ou vive...
Dans la lignée directe de "La Guerre des Terrasses", du "Lâché de Vélibs" et de"My Beautiful Laverie", continuons notre tour d'honneur des sportifs du dimanche, voulez-vous?
Non? Bin on va le faire quand même.
Mais d'abord un peu d'histoire:
Il était une fois dans l'ouest, un certain Mr Brunch, alias Bruce Lynch troisième du nom, qui était shérif de Peanut Cove (La crique aux cacahouètes), charmante ville de 65 habitants (le reste ayant été pendu le mois dernier)...
Traditionnellement, le samedi soir est chaud au saloon le "Tripod Stallion" (L'étalon à trois pattes): bandits de passage, joueurs de poker, prostitution, bref le résumé de "NY, section criminelle" à la même heure sur TF1.
D'ailleurs, les honnêtes citoyens sont restés chez eux dès que la cloche de l'église/école/poste/salle des fêtes/ salle de yoga bikram a sonné le début du couvre feu.
"Brunch", donc est de service et termine rarement avant six heures du matin, où il enferme dans la prison/hôpital/bed & breakfast, les derniers malfrats qui ont dévalisé l'épicerie/tabac/banque/french manucure.
Il compte bien profiter de quelques heures de répit pour faire une grasse mat.
Mais quand il se lève enfin (de matinée), tout le monde a déjà déjeuné et il ne reste plus rien à l'épicerie, saccagée la veille.
Il va donc voir les patrons du "Tripod Stallion" qui finissent de réparer les chaises cassées avec du patafix et leur propose d'ouvrir le dimanche pour un breakfast/lunch.
Ils sont contre, mais comme le shérif les pointe avec son colt, ils finissent par accepter de bonne grâce.
Le Brunch était né.
Si je ne vous ai pas épargné cette page d'histoire discutable, j'en conviens, c'est qu'il y a dans le brunch un grand respect des valeurs du western.
On en sort mort ou vif.
On en sort tel un héros, ou les pieds devant.
Mais avant d'en sortir, il faut avant tout y entrer.
Et dès que le meilleur dinner's du quartier est à portée de tir, on observe distinctement une file indienne longue comme un chemin de fer reliant Miami Beach à Venice Bitch.
Damned!
Il va falloir user de ruses de Sioux pour éviter cette queue de Pawnee.
De deux choses l'une:
Soit on tire dans le tas, soit on se tire, se dit Renard Argenté, le chef de la tribu affamée.
On peut toujours essayer le coup du télégraphe portable, genre on rentre l'air de rien en disant "J'arrive, je passais un coup de feu urgent", ajoute Gros Sabots, toujours finaude.
Mais ce n'est pas à des vieilles squaws qu'on apprend à faire des peintures de guerre.
C'est donc le visage pâle, ou rouge pour certains, que s'étant fait griller, la vaillante armée rejoint l'arrière garde.
A savoir "Le Plan B", un autre saloon, moins bon, mais avec (à peine) moins de monde.
Non, tout compte fait, il y en a même un peu plus.
Certes, ils ont perdu une bataille mais pas la guerre.
Ils comptent très très fort sur les déserteurs pour gagner une table ou deux.
Le temps quand même de se poser cette question:
Qu'y a-t-il à l'intérieur de si bon qui justifie une telle ruée vers l'or?
Un concert privé de Rihanna en tenue d'Iroquois ou quoi?
Enfin, c'est leur tour.
Tant mieux, ils allaient dévorer le bison en peluche du papoose qui hurle dans sa diligence.
Les portes du saloon, bondé, s'ouvrent donc sur une montée de décibels significative.
Les cowboys parlent fort, même la bouche pleine.
Et quand je dis cowboy, j'entends par là les United States of Hamburger.
C'est à dire le monde entier.
Ils sont venus des quatre coins du globe, dans un tout petit tipee.
- Il y a une table de trois qui va se libérer, dit la brute qui travaille cependant à l'accueil.
- Mais on est six! proteste Elan Rugissant.
- On a pas attendu tout ce temps pour rien, j'ai faim, j'ai mal aux pieds, on va se serrer, dit Sardine-qui-boite.
-Dans combien de temps? demande Renard Argenté.
-Euh, une grosse demi heure.
Les tribu des "Faux pas pousser Bison dans les orties" bat en retraite.
Allons voir dans la plaine si l'herbe est plus verte.
Inutile de préciser que les terrasses on oublie en tout cas avant le coucher du soleil.
C'est donc dépités, qu'ils se replient sur "Le vautour borgne", haut lieu de la restauration rapide et effroyable.
La clientèle pend la gueule, mais encore moins que le personnel.
Leur tête est mise à prix, sur la carte.
Repère de tous les voleurs de chevaux, on y trouve aussi souvent des cheveux.
Un bon brunch à 30 dollars, avec oeufs brouillés avec la terre entière, tranche microscopique de Saumon qui n' a plus remonté une rivière depuis la guerre de sécession, du bacon frit dans le goudron, du pain décongelé qui a rompu le traité de paix en même temps que la chaîne du froid...
Aubergiste?
-Quoi?
- Vous êtes sûrs que c'est du jus frais? Il y a marqué "orange pressée" sur le menu. Il a un léger goût de Cointreau. C'est peut-être dû à la chaleur.
- On en a plus du frais. Vous voulez des glaçons? Si vous êtes pas contents, il y a des gens qui attendent. Je vais déjà encaisser, d'ailleurs.
Le tout vous donne des envies de meurtre.
Mais on ne va tout de même pas en venir aux mains avec le patron/truand (attendons un samedi soir avec sa gnôle, ses tricheurs, et ses duels à l'aube).
ps: ce post est garanti sans nicotine à l'écriture. Mon blog participe aux Golden Blog Awards dans la catégorie Lifestyle. Merci de voter si le coeur vous en dit...