C'est ça aussi, la magie du cinéma...
Comme chaque fois, vous êtes venu au festival en camping car.
Pour pas faire comme tout le monde.
Vous souffrez de la phobie des hôtels.
Bon, à votre décharge, vos parents vous passaient "Shining" en boucle avant d'aller dans le bain.
Enfin, jusque là on peut comprendre.
Donc vous êtes venus en droite ligne du Danemark.
17H23' avec une ou deux pauses pipi.
Vous arrivez sur la Croisette frais comme un gravelax passé au micro-ondes...
Pas grave, un petit somme vous fera le plus grand bien.
Rien de tel que la bo de Orange Mécanique pour vous bercer.
( Décidément, Kubrick, c'est un peu votre Walt Disney).
4 minutes chrono plus tard, vous vous réveillez péniblement, à cause d'une fringale.
Vous avez juste mangé des tartines triangulaires frigorifiées sur le trajet.
Mais une fois encore, vous refusez les privilèges cannois.
Hors de question de manger un bon repas complet avec cinq fruits et légumes.
Vous allez directement fouiller dans les poubelles du parking, histoire de voir si il ne reste pas un peu de yaourt chaud et de graisse à frites froides.
Il suffit de gratter les cendres.
Mais vous préférez ça à un "probable" empoisonnement dans un cinq étoiles.
Donc autant le dire, quand vous arrivez devant les journalistes pour la conférence de presse, vous êtes tout à fait dans votre état anormal.
Pas étonnant que votre humour défrise lamentablement.
Mauvaise blague.
Vous n'êtes pas capable de vous livrer au ping pong et au jeu des questions sans provoquer et provoquer un scandale.
Vous racontez absolument n'importe quoi, et pour ne pas perdre la face, vous décidez d'en rajouter, d'en remettre une couche, dans l'incompréhension et la consternation générale.
Dans leur grande générosité, vos actrices gardent un sourire jaune et jolie.
Mais le mal (celui que vous dites comprendre), le mal est fait.
La mal a été fait il y a 60 ans, et le seul avantage, s'il y en a un, de votre triste numéro de "dancer in the dark side", est de nous le rappeler, ce qui n'est pas inutile en ces temps sombres.
En deux coups de cuillers à poil, vous êtes donc remballé du parking et du festival, et déclarée persona non grata.
Ce qui vous rempli de fierté, selon vos propres dires.
Vous voilà de retour sur les routes, dans votre camping car, en prenant tout votre temps, vous pouvez maintenant dispenser vos paroles dans les toilettes d'une aire de repos, à l'autogrill, où à la machine à jus de chaussette d'un pompe à essence.
En quinze étapes si ça vous chante.
C'est ça aussi, la magie du cinéma...