Il n'y a franchement pas de quoi rire.
Le gros problème de Cannes, c'est quand l'actu est ailleurs.
D'habitude, il y a un consensus pour ne pas entraver la vente de shampooing sans parabènes.
Mais depuis deux jours, plus personne ne parle que de ça évidemment.
De la soirée Chopard à la semaine de la critique, de la caméra d'or au flipper du bar tabac.
Les soirées sont aussi désertes que les projections matinales.
Le Grand Journal de Canal Plus hésite à faire ses valises...
Parce qu'au royaume de la fiction, il n'y a rien de pire que la réalité qui vous rattrape.
Le festival est donc, au sens propre du terme, dépassé par les événements.
L'actu ne se situe plus dans une luxueuse suite d'un palace, loin de là, mais dans un autre hôtel outre-atlantique, puis dans un commissariat de Harlem, puis dans un tribunal, puis dans une cellule sur Ryker Island.
Le véritable film dont tout le monde parle, c'est donc ce scénario catastrophe et les images qu'on commente désormais sur la Croisette sont celles, d'une violence peu commune aux festivaliers européens, d'un mauvais épisode de "NY, police judiciaire", qui passe en boucle, en VO mal traduite, de sorte qu'après avoir applaudit poliment "Pirates des Caraïbes", tout le monde se barre fissa pour aller voir i-Télé et son blockbuster du moment:
"The Tomb", sorte de mix entre "Shutter Island", "Shawshank Redemption" et "Le Fugitif".
Du coup, le jury s'arrache déjà les cheveux brushing lissé effet brillance pour savoir qui remportera le prix du meilleur scénario.
Les "petits films" s'insurgent déjà contre cette débauche de moyens.
Comment en effet rivaliser avec cette mise au pilori diffusée dans le monde entier?
Même la 3D taïwanaise s'y met, avec cette consternante reconstitution animée de la scène, avec cris et cascades.
Beurk.
Mettez ça dans un film, on vous dira que c'est too much.
Ce qui est vraiment sérieux se passe ailleurs...