Il était une fois un jeune et beau jeune-homme et beau qui adorait cette marque venue de par délà les océans.
C'était il y a longtemps oui.
Des basiques et des couleurs, et une couverture sociale pour les employés.
Le rêve américain.
Sauf que ce conte de fées vestimentaire s'apprêtait à tourner au cauchemar...
Avec un air de déjà vu.
C'est qu'en effet le 27 septembre de l'an de grâce 2007, j'avais publié une missive intitulée:
"Chanel: Pauvre petite fille riche".
Sur le coup, j'ai pris une photographie de la chose et l'ai enfouie dans les tréfonds de ma mémoire.
Mais il y quelques jours, en fouillant dans les archives de France, je suis retombé sur ces clichés (c'est le mot), et me suis aperçu que non seulement ce n'était pas un accident, mais un running gag, et qu'en plus les choses ne faisaient qu'empirer et progresser, un peu comme la lèpre jadis.
D'où cette question, cet appel au secours, cette bouteille à la mer:
Why? qu'on prononce "wouhaïe" (d'où mon déjà vou).
Et dans ce why, il y a en fait:
"Ne faudrait-il pas filer des antidépresseurs au(x) styliste(s) de AA?"
Franchement, vous ne trouvez pas qu'elle a l'air déprimante avec sa jupe chinée dans une poubelle son cardigan pour les descendre et son chemisier pour pester contre les chats du voisin?
Depuis quand les jeunes sont-ils obligés de se déguiser en papy et mamy pour avoir l'air à la page?
Esmeralda, appelons-là Esmé, Esmé donc, a beau voler à deux mètres du sol (ce doit être le guronsan), sa jupe en accordéon saumon périmé la tire inexorablement vers les bas fonds.
Il faut dire qu'on est à deux pas de Notre Dame et à un jet de chaussures orthopédiques de feu La Cour des Miracles.
Mais il n'y a pas de miracle pour l'instant.
Elle reste figée (comme ses cheveux), le teint pâle et le blanc pisseux, attendant sans doute que quelque pyromane confirme que la matière (on appelle plus ça tissu) de sa jupe ne laisse aucun survivant.
Un cardigan frippé déjà vintage, pour faire la manche ou pour faire Very Important Pity?
Heureusement, "Misery loves company".
Elle n'est pas toute seule dans sa cellule de grisement.
Elle est toujours flanquée de Nadège, sa soeur, sa grand mère, sa chèvre.
Une sacrée fêtarde, cette Nana.
Au point de confondre les after eight et les before midnight.
Elle a "ce quelque chose que les autres n'ont pas".
Comme un chouchou sur le col.
Même dans les cheveux, plus personne n'en n'a.
Et cette chemise déjà pas repassée, dans un très seyant "rouge javel", ou "orange sanguine", et je reste poli avec Nana.
Et cette moue inimitable: "je ne boude pas, j'ai passé l'âge, je mâche ma purée carotte/poulet de chez Picard".
Qui a dit que j'étais vache?
Essayez, vous, de tremper vos cheveux dans une friteuse tiède, vous verrez.
Bref nos deux bohémiennes de Beverly Hills sont pour l'instant en garde à vue.
Elles essayaient de vendre des "free hugs" à la sortie du KFC, près de la bouche d'aération.
D'où l'effet brushing aux graisses saturées.
Et on en vient même à se demander si ce n'est pas un suicide stylistique auquel on assiste impuissant.
Alors voici mon conseil, dans un esprit purement chevaleresque, à mon "Ami ricain A nul autre pareil".
Laissez tomber les veilles dépressives, les diseuses de mésaventure, et les prostituées à la retraite (je vous ai épargné les images).
En un mot comme en cent ans:
Back to basics.
Il en va de votre survie, et de la nôtre.
Thx.
Là dessus, je suis reparti avec mon pote et sur nos fidèles destriers, non sans lui dire:
Gageons que cette histoire connaîtra un "Happy Ending"...