Tu t'es vu quand tu veux boire?
J'ai nommé: la Guerre des Terrasses.
Une lutte affligeante qui réveille les instincts les plus bas, même dans la haute.
Et elle ne se passe pas il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, mais dès aujourd'hui et pour les six mois à venir...
Il s'agit, vous l'aurez compris, de trouver et d'investir le meilleur "spot" pour boire un verre ou déjeuner, avec la meilleure exposition au "panache radioactif".
Nécessitant une bonne appréciation du mouvement solaire, et une certaine dextérité dans l'exécution (comme vous le lirez plus bas).
Et une certaine patience avec les aubergistes:
-Nous sommes deux.
- C'est pour déjeuner?
-Euh...Il est 15h36. Non.
- Ah désolé alors, la terrasse est réservée aux personnes qui déjeunent.
-Et aux boulimiques????
Si certains pratiquent ce sport comme le golf, avec fair play et décontraction chic, pour d'autres, c'est comme dans certains jeux de baston, il n'y pas de règles et tous les coups sont permis.
Un combat sans merci, sans "pardon, vous attendiez cette table?", sans "nous venons de demander l'addition, prenez-là".
Dans cette jungle individualiste là, différentes approches/techniques, à la fois grossières et sophistiquées, sont possibles pour voler la place aux beaux joueurs (=à vous):
1. Les rhinocéros (souvent en troupeau) qui se tenaient à distance pour prendre leur élan et qui foncent dans le tas au moindre centimètre carré de libre.
2. Les guépards qui bondissent des fourrés ombrageux.
- je suis tout seul, mais on va être quatre, les autres achètent du thé vert et des clopes.
3. Les éperviers qui tournent autour de leur proie juste qu'à faire craquer nerveusement les autres clients:
- Vous en avez encore pour longtemps?
- Je crois que je vais recommander un verre histoire de vous apprendre les bonnes manières.
4. Les piranhas qui se faufilent et prennent votre place, et quand vous leur demandez une explication, s'enferment dans un mutisme de carpe en textant frénétiquement à leurs amis de rappliquer au plus vite.
Mais comme vous n'êtes pas décidé à subir cette injustice, et à vous faire manger tout cru, comme vous n'êtes pas nés de la dernière mousson, et que ce n'est pas parce que vous êtes un gentil zèbre que vous ne donnez pas du sabot:
-Excusez-moi Mademoiselle, mais nous attendions cette table.
- Ah non, hein! Moi ça fait trois heures que je tourne dans le quartier, j'ai fait du shopping toute l'aprem et mes chaussures me font mal (je n'invente pas).
Mais il ne faut pas réveiller le monstre qui sommeille en moi.
J'ôte donc mon pyjama rayé pour libérer le lion, et je rugis aussitôt, jusqu'à faire friser son "lissé soyeux".
Avec élégance, mais en faisant claquer les consonnes:
J'en suis fort désolé mais cela ne change rien au fait que nous attendions cette table, je vous demanderais donc de bien vouloir vous lever et nous céder la place.
Mais la jeune gazelle ne se laisse pas démonter, et sortant son sandwich de sa besace, et fuyant mon regard, me répond du haut de ses dix sept ans et demi que "ce n'est pas son problème", l'accompagnant d'un vilain geste genre "parle à ma main".
Et là, j'ai une forte envie de laisser parler la mienne.
Je n'en ferai rien bien entendu.
On est pas des bêtes.
- Regardez -moi quand je vous parle: je comprends bien que votre vie est un enfer mais si vous ne partez pas , je pourrais bien abréger vous souffrances.
"Now, hit the road, Jade!"
Entre temps ses copines, une hyène et un tamanoir sont arrivés, et lisant dans mon regard que je ne plaisante presque plus, incitent rapidement "la gazelle de riches" à prendre ses trop hauts talons à son cou et disparaissent aussitôt dans la savane.
Le pire, c'est que je n'éprouve aucun plaisir, aucune fierté à m'être défendu.
Par contre, et que ce soit bien clair, ce n'est pas à vieil orang-outan qu'on apprend à faire des grimaces.
Donc pas la peine non plus de venir me chercher des poux.
Bon, là dessus, tu veux boire quoi, toi Charlotte?
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