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Comme Noël ou la baguette.
Comme un soleil, comme une éclaircie,
Comme une fleur que l'on cueille entre les orties,
Il va venir, comme vient le beau temps,
Il va venir le nettoyage de printemps.
On bouge les meubles pour enlever les moutons sur le parquet (et pas seulement pendant que Boulogne se désespère).
On enlève les rideaux et on met les voiles.
On fait les vitres qui viraient légèrement teintées façon limousine.
On dégraisse (et je n'ai pas encore parlé régime), on récure, on désinfecte, on gratte, on fait place nette...
Comme si ce passage forcé (et somme toute conseillé) nous rendait nous aussi un peu plus propres.
Propres à continuer cette année dans la javel et sans la graisse.
On en profite bien sûr pour remiser chapka, zibeline et traîneau.
Et on ressort bob, marcel et havaianas.
On troque les cols roulés qu'on a pas mis cet hiver, contre les décolletés qu'on osera pas mettre cet été.
On réaménage un tantinet cet intérieur pourtant parfait.
On classe les cartes de voeux dans la boite "à trier".
Et sur un malentendu, on jette même un ou deux trucs complètement inutiles.
Comme ces échantillons de crème anti-rides qui datent des années 90 et qui pourraient juste servir aujourd'hui à décaper un meuble.
Comme ce vinaigre qui a retourné au vin tellement il en avait marre de ne servir à rien.
Comme cette paire de chaussettes fétiche qui a plus de trous que de mailles.
Comme cette lampe qui n'éclaire plus depuis qu'on a inventé l'électricité.
Et que dire de cette colonie d'acariens bons à rien si ce n'est à vous filer des allergies.
La trêve hivernale s'achevant, vous les expropriez sur le champ.
Bon, à quoi bon puisque "poussière, tu reviendras poussière"? dira quelque Sisyphe ammoniacal, las de cette punition sans fin.
C'est, je l'ai dit d'emblée, une fable.
La métaphore du logis est on ne peut plus claire.
Ce rite est donc non seulement hygiénique mais souvent salvateur, histoire de tirer un trait sur l'hiver, et d'entamer cette nouvelle saison le coeur léger et l'esprit serein.
En affaires, en amour ou en amitié, c'est toujours bien de temps en temps de faire peau nette, de faire le tri et de remettre à neuf (dans le désordre).
Indispensable donc si l'on veut mener de nouveaux projets à bien.
Ou commencer une histoire sur des bases saines.
Se présenter sous son meilleur jour ou un jour nouveau.
En résumé:
Il ne faut pas confondre vintage et vinaigre qui tache.
On oublie de faire grise mine et on reprend des couleurs.
Si le rire est le propre de l'homme, Monsieur Propre fraîcheur printemps sourit aux audacieux.
Adieu Tristana et bonjour Jacques Tati.
Prenez soin de vous.
