Nous sommes peut-être aux portes d'un printemps...
On l'a déjà bien senti sous les bourrasques de vent et le temps qui change toutes les trois secondes: l'hiver touche à sa fin chassé par le printemps.
L'heure est donc au bilan, qui n'a jamais aussi bien porté son appellation "dans le désordre", car autant le dire aussi tout net: c'est le bordel intégral...
Ah, ça ira, ça ira, ça ira:
C'est LE vêtement incontournable de l'hiver, aussi incontournable que le perfecto de Johnny l'an dernier.
le gilet jaune a renvoyé le bonnet phrygien dans les musées d'art ancien, et le mouvement aux revendications incontestable à la bannière tricolore "étranglement fiscal, pouvoir d'achat chirurgical et ras le bol général" a littéralement changé les habitudes des français. Samedi est le nouveau dimanche.
On déplore cependant que les petits commerces, premiers évidemment à trinquer (les grands groupes ricanent) soient en effet les premières victimes des manifs hebdomadaires, tandis que les dromadaires politiques ne manquent ni d'eau ni de salive pour commenter, relativiser, minimiser une fracture sociale avec déplacement de foules.
Si on rajoute la marée verte de marcheurs pour le climat, ça commence à chiffrer lourdement.
On ne sait pas encore de quoi sera fait le printemps 19, mais on est en tout cas certains qu'il faudra compter avec ceux qui en ont assez de souffrir en silence.
Anecdote rigolote (plus drôles que les casses, les pillages, les incendies): lors de la fashion week, des gilets jaunes s'en sont pris aux invités du défilé Vivienne Westwood. Connaissant la styliste, dernière des punks de la mode, et ses différents engagements, ils auraient pu mieux choisir leur cible...
Le village dans les nuages:
La fashion week, qui contrairement à l'an dernier n'a pas dû affronter frimas et tempêtes de neige, mais grand soleil et gilets jaunes donc. Ce gilet jaune porté naguère par Karl Lagerfeld dans une campagne de sécurité routière, mais l'Empereur de la mode toujours vêtu de noir et blanc n'a pas assisté au dernier de ses défilés Chanel, sur le thème du chalet en montagne, si ce n'est perché sur un nuage où il a rejoint Mademoiselle Coco. Si on y ajoute Michel Legrand, Maria Pacôme, Henri Chapier, et François de l'Île aux enfants (pour les survivants qui connaissent) ce n'est plus Casimir orphelin, c'est carrément le village dans les nuages...
Who's bad:
Et d'ailleurs, il y en a un qui doit s'accrocher au sien, de nuage, en ce moment, c'est Michael Jackson, puisqu'une nouvelle tempête essaye de l'envoyer en enfer. Le documentaire Leaving Neverland menace en effet d'expulser the King of Pop de son panthéon doré. Sur le fond, on écoute ces deux familles raconter leur histoire. Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'à tout le moins ils soulèvent de nombreuses questions. Mais on ne peut plus entendre la défense du chanteur.
Donc même si ces révélations post mortem s'avéraient réelles, la justice ne pourra jamais être rendue sereinement, et il ne faudrait pas qu'à notre époque un documentaire se substitue à la justice. Michael peut en tout cas se consoler en chantant au paradis en duo avec Prince (qui le lui avait refusé) le fameux "Who's bad? ".
Sometimes it snows in April:
Mauvais, ça sent mauvais. Pour les sept couronnes, pour les Stark, les Lannister, les Targaryen et tous les autres: l'hiver est aux portes du mois d'avril avec ses millions de marcheurs blancs prêts à décimer l'humanité. La saison 8 et finale de Game of Thrones a suscité tant de commentaires, de suppositions, de théories et de supputations, qu'on voit mal comment une seule fin pourrait satisfaire tout le monde. il y aura sans doute des déçus dans tout le royaume. La bande annonce (ci-dessous) nous fait en tout cas craindre pour certains, euh, en fait nous fait craindre pour tous. Mais comment dire, on a rarement autant attendu l'hiver, et maintenant qu'il est là on ne va quand même pas se plaindre d'avoir la chair de poule...
La cérémonie des Marshmallow:
Des frissons, pour être honnête, on n'en a pas eu tellement cette année durant la saison des awards.
Ni aux Golden Globes, ni au César, ni aux Oscars (à part peut-être la chanson Shallow, qui me hérisse les poils mais pas forcement dans le sens escompté). Les acteurs (au sens large du terme) de ces cérémonies semblent tellement maintenant rodés à l'exercice et notamment en terme de politiquement correct, qu'on se demande si la seule ironie qui reste tient dans le fait d'aimer tout le monde pendant trois heures chaque année. Quand au rire, vu que les Oscar ont été privés de maître de cérémonie cette année, que Sandra Oh et Andy Samberg ont "fait semblant" d'être méchants, et que Kad Merad en Freddie Mercury, bon c'est drôle, mais ça ne suffit pas. Bohemian Rhapsody, le biopic sur le leader de Queen donc, qui semble, au travers de Rami Malek raffler pas mal de prix "par défaut", non pas par manque de talent, mais s'agissant d'un biopic, dénotant peut-être d'une époque soit trop dans le commentaire, soit carrément guimauve, et surtout en manque d'imagination...
The Grinch:
Non, juste si on en avait assez de ces bons sentiments, on pouvait se délecter devant The Grinch, où Benedict Cumberbatch enfilait le costume (enfin la voix) du méchant elfe vert qui tente de voler Noël au village voisin de sa grotte d'ermite de montagne. Certes on se doute qu'il y a aussi du joli et du gentil dans ce conte par les producteurs des minions, Illumination, mais justement, le Grinch n'a qu'une idée en tête: les faire disparaitre (les illuminations). Drôle et touchant, le film ramène bien évidement aux vraies valeurs de Noël, ce qui je le rappelle, n'est plus vraiment dans l'air du temps.
Réchauffement gastronomique:
Durer n'est pas évident, surtout en respectant le temps de cuisson. Voilà donc dix ans maintenant que Top chef, émission reconnue (par l'O.N.U) comme technique de torture connaissant à vous mettre sous les yeux des plats gastronomiques sans avoir le droit de les déguster, même à l'aveugle, sévit en toute impunité sur M6. Et pour cette décade ils ont mis les bouchées doubles, si j'ose dire: épreuves encore plus complexes, juges encore plus prestigieux, pression (à froid) encore plus grande, bref c'est chaud pour les candidats qui étuvent littéralement dans les cuisines. Pourquoi regarder? Parce qu'il s'en dégage non pas un fumet divin (à quand l'émission en Odorama?) mais un amour du savoir faire, une passion constante et une constance passionnée, qui fait du bien à l'ère d'Ubereat.
Lost in transition:
Si on veut donc résumer cet hiver (en température ressentie), il se situe très loin de la neige, de l'insouciance et des jeux d'enfants. Loin des contes et légendes, loin de la légèreté. Même l'humour y semble être plombant ou plombé par la gravité de l'époque. Rien de très réjouissant me direz-vous? Certes, mais une certaine lucidité n'empêche en rien un optimisme déchaîné. C'est à vrai dire une période de transition, comme une fin de siècle avec décalage horaire que nous vivons en ce moment. Et surtout si on arrive pas à inverser la dégradation du climat et le dérèglement des saisons.
Le printemps est à nos portes, disions-nous, à moins que ce ne soit l'inverse.
Nous sommes peut-être aux portes d'un printemps...
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