Strut: Lenny Kravitz se pavane d'une génération à l'autre.
C'est ce qu'on appelle le conflit des générations:
Camille, 14 ans, vient de télécharger Strut, l'album du mec qui joue dans Hunger Games.
Son père, Jean-Christophe reconnaît instantanément depuis son fauteuil le riff raff rouff du chanteur sur lequel il fumait des pétards à 19 ans.
- Mais non papa t'es con ou quoi c'est un acteur qui a décidé de chanter!
- Désolé, ma fille chérie, mais tu as été conçue sur I belong to you.
- Mais c'est pas possible il est pas vieux et toi oui!
C'est ce qu'on appelle une nature injuste...
Lenny revient en effet tout frais et dispo, prêt une fois de plus à livrer à domicile ses leçons de séduction entremêlées de conseils conjugaux.
De L à Z, il n'a pour ainsi dire pas bougé d'un iota.
Depuis l'explicite ouverture sur Sex à la reconnaissable signature de Can't Stop Thinkin 'Bout You, Kravitz applique à la lettre sa méthodique technique d'approche:
Toutes guitares qui crissent et batteries qui vrombissent, sans oublier les abdos simonisés, il se pavane ainsi sur Strut, chantant à qui veut bien l'entendre ses morceaux choisis de pop et de rock, roulant des mécaniques et jouant les romantiques, se révélant toujours à 50 ans un véritable pro du pot (la phrase du disquaire de chez Speedy).
Car s'il y a une chose que Lenny Kravitz a très vite comprise, c'est que c'est de la basse qu'il s'agit, quand on veut toucher en dessous de la ceinture.
Chamber, le premier extrait est à ce titre l'antichambre des amours animales, du cirque des fauves, et des jeux de la faim.
La vidéo (ci-dessous), habillement tournée en bande annonce pour faire le lien entre ses publics, débute sur les 4 saisons de Vivaldi, qui n'ont jamais été aussi à la mode depuis qu'elles ont été recomposées par Max Richter.
Stuttant ainsi dans sous et sur les ponts de Paris (l'amour, l'amour, l'amour), Lenny déambule suivi de près par une Mercedes vintage.
L'homme véritable désire deux choses: le danger et jouer.
Pour cette raison, il désire la femme, le plus dangereux des jouets (Fredrich Nietzche).
S'en suit un face à face mortel avec une créature qui pourrait être sa fille, entre le Pont Neuf et un hôtel très particulier, en passant par le parvis d'une église (Saint Germain L'Auxerrois?).
Ils s'y exposent tous deux tandis qu'il exprime ses peines de coeur.
Cette dualité, ce duel entre l'amour charnel et les sentiments plus fragiles se retrouvent tout au long de l'album (et des albums) de Kravitz.
Rien de neuf pour ce dixième album, me direz vous.
Mais rien de vieux non plus.
Si on excepte l'incompréhensible Happy Birthday et New York, énième resucée de l'hommage à la Big Apple, Strut on l'espère, donnera aux plus jeunes l'envie de découvrir l'auteur de Mamma Said, Let Love Rule , Are You Gonna Go My Way, It Ain't Over Till It's Over, Heaven Help, Believe, Rock & Roll Is Dead, bref cette bonne vieille machine à greatest hits, aux titres aussi reconnaissables que séduisants, et sur lequel le temps ne semble pas avoir de prise.
Même dans les conflits de générations, la nature est injuste.
D'autant que de son propre aveu, cet album l'a ramené au lycée...
Bonus: la vidéo explicite de la bande annonce de Chamber , ou l'inverse.