En haut à gauche, une affiche nous invite à la méditation.
"A chaque époque, son icône!"
Disait-on encore hier soir à la réunion de rédaction de "Biatch Hebdo".
Gros débat de fond pour savoir si cette semaine encore, il fallait parler de Gaga:
- Bin, elle est quand même tombée de son piano pendant un concert! s'insurge Matthieu, qui a eu tellement peur qu'il refuse catégoriquement de visionner la vidéo une 632 ème fois sur You Tube.
- Oui enfin, elle s'est même pas arrêtée de chanter, il n'y a pas eu d'intervention de la sécu, ni des pompiers! rétorque Audrey.
- Et son piano en feu alors? ajoute Melissa.
- C'est dans le show, idiote! (en choeur).
-Mais pourquoi quand Mariah Carey est tombée on en a fait tout un plat, alors? proteste encore Matt. Il y a vraiment deux poids, deux mesures!
- Tu l'as dit bouffi! Ironise Priscilla.
- Mais "Mawaya" (dixit Estelle), elle était enceinte et deux talons sont morts ce soir là, tu sembles l'oublier, Matt!
- Oui Matt, c'est vrai, je pense que ton objectivité journalistique est occultée par ta fanitude qui frise la faute déontologique, franchement! conclut Audrey.
-Biatch!
Cette scène de violence verbale insoutenable au sein même des sphères intellectuelles de la presse traduit un malaise réel.
Lady Gaga est elle, oui on non, le reflet de notre époque?
Et si oui, quelles sont les valeurs qu'elle véhicule dans son oeuf de l'espace?
Après l'ambition blonde platine de Madonna, la mue boudeuse de Britney Spears from "la petite écolière" to "la grande classe", et après les bouteilles de Château Chignon version Amy Winehouse, voilà que Lady Gaga occupe maintenant le marché avec une robe en viande.
On en peut pas tout à fait lui en vouloir d'ailleurs, elle cherche à innover, ce qui n'est pas évident vu que tout a déjà été fait.
A la réflexion, certaines chanteuses se baladaient déjà en permanence à moitié à poil, ou en robe de lard.
Elle joue la carte de la métaphore, soit.
Bref.
Elle n'hésite donc pas à pomper à tout le monde, refaisant sa propre popote, à sa sauce "Monster Munch".
Elle reprend le thème de la différence et de la tolérance, elle parle d'amours difficiles, de religion (et si je faisais une chanson qui s'appelle "Judas"?), et de soucis de coloration de cheveux, bref des thèmes universels et éternels.
Comment lui reprocher de faire ce qui se fait dans la variété depuis l'époque d'ABBA, quand leurs robes t-shirt ras la mamma mia défrayaient la chronique.
Ou quand Louise"Madonna"Ciccone (à qui Gaga doit beaucoup, et sans doute des dédommagements dans "l'affaire Express Yourself") nous montrait comment conduire un vaporetto à Venise, mais sans les mains?
Et ce n'était que le début...
Donc si le fond et la forme n'ont pas changé, qu'est ce qui peut déranger dans le fond et la forme, à part la pauvreté de certaines mélodies et des arrangements à l'amiable?
Qui a peur de Lady Gaga?
C'est peut être que si Stefani Joanne Angelina Germanotta (autre point commun avec sa marraine la fée) utilise la bonne vieille recette de la provoc, ce qui a vraiment changé, c'est la réaction du public.
C'est notre réaction.
C'est justement la réponse qui n'est plus la même.
Le dialogue, lui, a donc vraiment évolué et reflète pour le coup complètement notre époque.
Une époque un peu monstrueuse, certes, désabusée sûrement, mais il faut bien vivre avec son temps! disait Georgette à l'époque d' Elvis Presley...
Mieux vaut donc vivre avec Gaga, plutôt que de gagatiser (c'est amusant, sortez!).
PS: Mon blog participe aux Golden Blog Awards, catégorie culture généraliste.
Merci de voter si le coeur vous en dit.