Winter is gone.
On savait déjà que ça ne pouvait pas bien finir.
Ou en tout cas que ça finirait mal pour certains, bien pour d'autres.
On savait aussi que les frustrations seraient aussi énormes que la série elle-même, pas besoin d'être the Three Eyed Raven ou prêtresse du Lord of Light pour le deviner.
Les attentes étaient trop grandes et surtout trop nombreuses.
Impossible de contenter tout le monde.
Et surtout le plus grand nombre.
Une oeuvre, quelle qu'elle soit, est un animal indomptable, un être imparfait.
Et malgré le désaveux de George R.R. Martin, l'auteur de The Song of Ice and Fire, les créateurs de Game of Thrones sont arrivés à délivrer une fin à huit ans d'aventures extraordinaires, à un phénomène planétaire.
Et si cette fin n'était pas aussi bâclée que certains pétitionnent de le dire?
Voici peut-être quelques éléments de débat un peu plus constructifs...
ATTENTION: ALERTE ULTIME SPOILERS
Donjons et Dragons:
Et d'abord, si on prend un peu de recul et de hauteur, tel un dragon un peu trop prompt à tout brûler, on s'aperçoit que cette fin est somme toute assez logique.
Daenerys ne pouvait pas régner. Son destin était de briser des chaînes, de casser la roue et son joug inexorable sur les populations. Mais la méthode choisie la condamnait. Après des années de guerres intestines à l'air sur les champs de bataille, voilà la seconde guerre mondiale, son arme de destruction massive, et son Hiroshima. Dans la saison 2 le rêve de Daenerys la voit entrer dans la salle du trône à ciel ouvert, sous la neige. Il s'agissait en fait des cendres de milliers de personnes massacrées.
On ne peut pas ici reprocher aux auteurs de ne pas avoir fait leurs devoirs, et notamment ceux d'histoire.
Pas de happy end pour les héros amoureux même si on en rêvait: Tata Dany et Jon Snow ne finiraient pas comme Blanche Neige, son nain, son dragon et son bâtard charmant.
Héros de chansons de geste, de roman roman courtois ou de tragédie grecque, les amants maudits ne pouvaient finir que de cette manière. Pas d'autre répit que la mort ou l'exil pour les Lancelot et Guenièvre de Westeros.
Le moment où de douleur, Drogon annihile la cause de toutes les guerres, le réduisant à une coulée de lave incandescente est tout simplement génial.
Pour ce qui est de la chaise musicale, elle sera donc, pardonnez-moi, à roulettes.
Bran, l'homme qui ne voulait pas être Roi, règnera jusqu'à ce qu'on lui désigne un successeur.
Même si Samwell rêvait déjà du suffrage universel, il devra se contenter d'une présidence, d'un monarque élu par des autorités plus ou moins éclairées.
Seule Sansa, grande gagnante au jeu des survivants, aura ce qu'elle a toujours désiré: une couronne.
Quant à Arya, on l'imaginait mal rester en place, son destin de conquérante ou d'exploratrice a lui aussi tout son sens.
Faillit-il qu'encore un ou une autre Stark se sacrifie pour le bien de sa famille?
C'eût été presque trop attendu pour une fratrie qui a tout connu, et est déjà la plus éloignée de la Famille Ingalls.
Si on vous a privé d'une longue séance de torture de Cersei, ou de son assassinat par Arya, ou Jaime, ou Daenerys, ou Jon, ou Tyrion, ou Sam, ou tous à la fois,façon le crime du Westeros Express, consolez-vous en vous disant qu'elle ne vous aurait JAMAIS fait ce plaisir. Perso, j'aurais pourtant adoré que sa fuite l'emmène à Valyria où elle aurait pu contracter la grise écaille. Par exemple.
La quatrième dimension:
Cette dernière saison hivernale ne manque ni de lyrisme ni de spectacle en 3D.
Le seul vrai problème concernant cette saison (et sans doute celle qui précède), c'est le manque de temps.
La plus grande force de Game of Thrones était son rythme. Ce qui pouvait déconcerter au début, était devenu une habitude.
Souvenez-vous des mecs qui discutaient au coin du feu en rase campagne, pour nous conter les légendes de Westeros.
Depuis l'annonce de la fin de la sérié, les créateurs se sont retrouvés piégés par le temps.
On ne peut pas imaginer qu'ils ait bâclé la fin, on peut imaginer qu'ils on dû prendre des raccourcis.
Hors, tout le charme du Royaume des Sept couronnes, justement réside dans ses détours.
Dans ses chemins de traverses, dans ses sentiers sinueux.
On aurait donc préféré qu'ils prennent plus de temps (mais avaient-ils le choix?), plus épisodes, ou même plus de saisons, pour nous montrer qu'en dépit de l'urgence des marcheurs blancs, et de l'inévitable carnage de King's Landing (personne n'aurait accepté une journée portes ouvertes), ils savouraient en même temps que nous chaque instant qui nous séparait de la fin, du néant de l'écran noir.
Et voici l'un ou l'autre exemple de cette faille spatio-temporelle: De mémoire, on ne se souvient pas d'une ellipse aussi grossière que celle qui précède le conseil des sages.
De même, on ne peut pas imaginer être privé de la vue du retour de Sansa à Kings Landing.
Entourée de ses troupes, et de la meute de Stark, Sansa chevauche jusqu'aux abords de la capitale en ruine, qu'elle a fuit lors du mariage empoisonné.
Voilà un moment qui eût été jouissif et qu'on devra à jamais se figurer.
C'est à mon avis ce sentiment de trois saisons en une qui laisse un arrière goût de trop peu ou plutôt de trop vite au spectateur.
Par contre, ils n'ont pas loupé non plus les derniers instants: Jon, devenu le dernier des Crows (et non pas des Mohicans) est banni dans le grand nord, là où en fait il a toujours été dans son élément.
La sérié se termine à l'endroit même où elle avait commencé, dans ces sous-bois où naguère, une poignée de corbeaux découvraient le retour des white walkers.
Et pour un final, ce n'est déjà pas si mal.
Reste qu'on se demande si évidemment, les producteurs seront tentés ou non, après un prequel sur la dynastie des Targaryens déjà en production, de revenir suivre les traces de Jon et de ses contemporains dans la neige.
Mais tout cela n'est que chanson de geste, légende qu'on raconte aux enfants, ou étrange prophétie.
On a donc pas tout à fait fini d'en parler...
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