Dans la rue, ça peut vite trouver à l'horreur.
(façon Le Cri d'Edvard Munch)
C'est sans doute parce que j'habite depuis très longtemps à Paris: à la longue, je deviens un peu râleur amateur dans la catégorie poids lourds.
Si Lutèce a survécu à des épidémies et fléaux divers et variés, de la peste au choléra, de la lèpre à la syphilis et de la seconde guerre mondiale au nuage de Tchernobyl, il est une calamité qui vient de s'abattre sur Paris telle une véritable trompette de l'apocalypse, j'ai nommé: la trottinette...
Chaos Debout:
Après des vélibs lourds et maniables comme des chevaux de trait (le tir a été corrigé depuis), des autolibs (qui ont disparu de la circulation) et des scootlibs (plutôt pratiques), voilà que déferle à présent une nuée d'engins aussi puérils que dangereux.
Ces trottinettes électriques (oubliez tout de suite le côté sportif de la chose, on aura me beau dire que ça gaine, moi j'appelle ça des poignées d'amour), pourraient être à la limite des moyens de transports maniables, rapides, agiles et de plus écologiques, si elles n'étaient pas entre les mains d'êtres humains. C'est un peu comme le code de la route: on le sait sur le papier que ça fonctionne, mais dans la rue, ça peut vite tourner à l'horreur façon cri d'Edvard Munch.
VU: Un couple sans casque qui trouve heureux de convoler à deux sur un véhicule, et qui, à défaut de septième ciel, pourrait bien se retrouver plus vite que prévu devant les portes du paradis.
VU: Un père de famille, enfin un adulte, enfin un géniteur, et son enfant, sans casque, filer à toute vitesse vers le début d'une journée scolaire, ou à défaut vers une fin sommaire.
VU: Une bande d'ados prépubères organiser de véritables courses urbaines, sautant d'une trottinette à l'autre, et qui filaient pas toujours tout droit vers une ligne d'arrivée tragique, avant d'avoir eu le temps dire LOL ou d'avoir connu la joie d'avoir des poils sous les bras.
VU: Des piétons lutter pour leur vie entre vélos, deux roues à moteur et trottinettes sur les trottoirs de Paris déjà contaminés par des convois de touristes désorientés.
Trot c'est trop:
Non mais franchement vous vous imaginez annoncer le décès d'un proche à cause d'une trottinette?
Fous-rires garantis à la cérémonie: Il est parti trop vite...
Et surtout, dans ce chaos urbain, des nuées de trottinettes jonchant le sol, n'importe où n'importe comment, qu'on ne peut déplacer sous peine d'une alarme stridente, et qui décourageraient les plus téméraires des personnes âgées, des personnes mal voyantes, ou des personnes de bonne humeur le matin de sortir de chez eux.
Ajoutez-y skates, monocycles et poussettes, et vous obtenez un joyeux cirque, un spectacle permanent, et surtout un épouvantable bordel.
Quelques morts plus loin, une loi et huit mille amendements plus loin, on découvrira les cimetières de trottinettes, les associations de protection des trottinettes, et le musée de la trottinette.
- Papy, c'est comme ça qu'on se déplaçait à ton époque?
- Oui, enfin tu sais, il n'y a plus beaucoup de survivants pour en parler. C'était avant la téléportation.
Et à vrai dire, ça n'a duré que quelques années, parce qu'elles ont été très vite remplacées par d'autres modes comme les chars à drones, les patins à réaction, et le ski auto-congelé.
Et on ne vous parle même pas ici du futur réseau de tyroliennes solaires de la RATP:
En raison d'un incident voyageurs, dû à une averse passagère, le trafic est perturbé sur l'ensemble de la ligne.Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée, et surtout: tenez-bon!
Belle époque...
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