C'est amusant. Sortez!
- Tiens, c'est ta fête aujourd'hui! me dit ce matin en me servant un allongé mon "pingouin préféré".
Sachant que la Saint Etienne est le 26 décembre, je me demande ce que j'ai loupé.
- Oui, c'est la Saint Stanislas! me dit-il encore d'un air guilleret.
Et de fait, j'ai pour "nickname" Stan, qui n'est pas le diminutif de Stéphane en effet.
Je ne vais pas vous raconter (toute) ma vie e le pourquoi du comment.
Mais c'était l'occasion ou jamais de me pencher sur ce prénom atypique, faisant au passage quelques découvertes étonnantes...
Stanislas: Issu du verbe slave stan, se dresser, et du substantif slawa, la gloire, ce prénom désigne donc celui qui se tient debout pour recevoir l'admiration de tous.
Ouch.
D'emblée ça fait mal.
Vite, un nurofen.
Moi en quête de gloire? Pfffff, vous voulez rire. MÔA?
Ce n'est pas de moi qu'on parle là.
De Stanislas Lefort, (Louis de Funès dans La Grande Vadrouille) soit!
Ce couard imbu de sa personne, lâche, égoïste qui a des chaussures trop petites et l'estomac trop grand, ça ne peut pas être moi.
Moi je suis Augustin Bouvet, le pigeon, la bonne poire héroïque malgré elle.
Oui sauf que comme toujours, la réalité n'est pas aussi simple.
On est pas toujours forcé de choisir entre l'auguste et le clown blanc, entre le bon et le méchant.
On peut cumuler les mandats.
Et si j'ai une profonde admiration pour Bourvil, surtout quand il chante "Sébastien le Pingouin" (on y revient), force est de constater que je reprends systématiquement dans la vie, les tics de langage et de comportement de Louis le Grand.
Combien de "C'est amusant, sortez!" ne sont pas sortis de mes doigts sur cette page?
Quelle fascination pour cet acteur fantastique, génie du comique et de l'improvisation, du cinéma et (on l'oublie souvent) des planches, auquel Valère Novarina rendait hommage dans "Pour Louis de Funès" en ces mots:
« Louis de Funès entrait tout le temps en reculant et en repoussant le jour derrière lui. Comme font les grands acteurs intelligents. Il entrait toujours les yeux fermés et le pas décidé, comme un aveugle qui sait l'espace par cœur. Louis de Funès trouvait chaque soir son chemin dans le noir avec l'exactitude des grands égarés. »
Alors, c'est la Saint Stanislas, ou la Saint Funès? Me direz-vous.
Non, c'est juste qu'au gré de mes digressions inutiles (même pas un pléonasme), j'ai trouvé ce matin une métaphore "intéressante" sur l'acteur et l'homme, le signe et l'ascendant, le prénom et le surnom, le Moi et le Surmoi et une réflexion aux profondeurs abyssales que je vous livre à brûle pourpoint:
Si on ne choisit pas ce qu'on est, on choisit ce qu'on veut devenir.
LOL. Encore un nurofen?
Il a quand même fallu que je vérifie sur le net, si personne, pas même Johnny ou JCVD, n'avait déjà fait cet aphorisme.
S'inscrivant donc en droite ligne dans la pensée de Socrate et son "Connais-toi toi-même", je défends surtout le parti de "mentir aux autres est une chose, se mentir à soi-même est une catastrophe".
Je ne suis pas Bourvil et ne serai jamais Louis de Funès, mais cela ne doit pas m'empêcher de les admirer, et de m'en inspirer (et je parle ici surtout humainement parlant).
La force des clowns est de savoir nous cacher derrière un nez rouge.
Bon, ok, ok, je sais, je sors.
J'aurais dû vous parler du dernier Roi de Pologne, d'un paysagiste nommé Lépine (ça ne s'invente pas) ou d'un écrivain qui Fumet de l'art moderne.
Mais vous me connaissez mieux que moi.
On est pas tous les jours d'humeur à plaisanter, même si c'est une véritable discipline que je m'impose.
Qui eût cru en prenant mon café ce matin, que je ferais de la philo de comptoir?
Personne, même Paul.
On me connaissait Soeur Emmanuelle des coeurs brisés, Joëlle Mazart des pauses cafés, me voilà Sigmund des tests de Roschach qui tâchent.
On sait maintenant que je ne suis ni ne tend à être Kant (merde, j'ai plus de nurofen), Platon (je hais les amours platoniques, ça craint), Bouvet (Mes chaussures, mon vélo) ou Lefort (il tousse, il crache, il renifle).
Mais chaque jour nous apporte son lot de lieux communs et aussi de surprises.
Un peu comme si quelqu'un me disait: Tiens, c'est ta fête aujourd'hui!
Bonne fête à tous les Stanislas, à tous les Augustins, et à tous ceux qui tendent à le devenir.
Bonus:
Pour finir sur quelque chose d'intéressant, la scène "mythique" de l'opéra, avec la magnifique tirade "C'était très bien!", les difficultés de raccord sur la perruque, le fameux "C'est amusant, sortez!" et surtout à 4.50 environ, le génial et subliminal "Tiens, tiens et tiens...Voilà. Un petit fagot tiens!"sans oublier le numéro métaphysique( on y revient) de la perruque, l'apparence, et de l'ego qui souffre.
"LA GRANDE VADROUILLE" OPERA par richardanthony