Les gens du nord, ont sur leurs factures
le soleil qu'il n'ont pas dehors...
21 décembre.
Pour beaucoup, cette date sonne comme le début de la saison hivernale.
Pour certaines Bree Van de Kamp en chaleur tournante, comme J-3 avant le début des hostilités.
Pour les bambins adeptes du calendrier de l'avent comme J-4 avant la guerre des cadeaux (et, ils ne s'en doutent pas mais ils sont aussi à 4 chocolats de la crise mondiale du foie).
Pour les vendeurs et vendeuses, c'est le jour où on abandonne l'idée de ranger le rayon pull en cachemire, qui ressemble de plus en plus à un champ de bataille.
Pour les écolos, c'est un jour de défaite énergétique, de joie inversement proportionnelle à la consommation d'électricité.
Pour d'autres enfin, ça veut juste dire que dans une dizaine de jours, on leur foutra enfin la paix...
Pourtant, en ces temps de lutte et de lutins mêlés, quelques irréductibles (dont je suis) ont décidé de ne pas laisser cette journée miner le moral des troupes, et de ne pas se laisser abattre.
Ce matin, exceptionnellement, lever à 9H.
La grasse matinée en pleine semaine, en hiver présente de nombreux avantages en termes de lumière artificielle.
Si vous ne pouvez éviter le boulot, dormez dans le métro, sur la banquette arrière d'un véhicule en co-voiturage, histoire d'économiser à défaut, vos propres ressources.
N'oubliez pas un bon petit-déjeuner crêpes/ confiture de framboises.
Indispensable pour prendre des forces, on a vu "The Day After"à la télé avant-hier, et une randonnée dans la neige pour aller chercher votre fils à la bibliothèque municipale de New York n'est pas exclue en cas de changement radical du climat vers une nouvelle ère glacière.
Jus d'orange et magnésium sont vivement recommandés, ainsi que du baume pour les lèvres.
Mais pour l'instant pas de neige, mais une pluie glaciale.
Faites donc, si possible, l'économie d'un lavage de cheveux qui serait anéhanti au bout de la rue.
On ne vous parle pas de graisse à frites, bien entendu.
Si c'est une mesure d'urgence, envoyez un "SOS cheveux auto-lubrifiés" au quartier général qui vous donnera aussitôt son feu vert pour un lavage, dégraissage d'urgence.
Dans se cas, n'oubliez pas la protection d'un béret, d'une casquette ou d'un bonnet réglementaires, pour rappel votre co-équipier et parapluie s'est sacrifié la semaine dernière dans une embuscade au pied d'un immeuble qui chassait le vent tourbillonnant.
Vous avez bien essayé de le réanimer/retourner mais en vain.
Il faut sauver les baleines, soit, mais les siennes étaient condamnées.
Un effort supplémentaire et vestimentaire s'impose donc, non seulement pour affronter le climat, mais pour donner à cette journée des allures de défilé/parade.
Et une fois encore, c'est la semaine des films gratuits en VOD (ceci explique "The Day After") qui va être votre source d'inspiration: vous allez vous transformer en "Coco avant Chanel".
Customisation, vintage, tweed et vieux parka de para seront au rendez-vous pour vous prêter renfort.
Evitez quand même les grenades, les casques et les masques à gaz, ça fait trop agressif dans les grands magasins.
Sauf si bien-sûr vous êtes accompagnés d'un détachement de touristes japonais, pour vous fondre dans les masques.
Dans ce cas, jouez plutôt la carte "Contagion" avec un joli ciré vélo, des gants chirurgicaux, et juste une Tour Eiffel sur la tête qui clignote pour une pandémie plus festive.
Et, dans cet équipage, quelque part entre la fanfare du régiment, et le bal de la colonelle, vous voilà parés pour affronter, tambour battant et trompette pétante, le jour le plus court, les tranchées, les corvées patates (pour le gratin dauphinois), et les dures luttes pour le dernier cachemire à la bonne taille.
Et si les seuls soleils qui brilleront aujourd'hui sont électriques, qu'importe.
Vous, vous aurez la fleur au fusil et la banane dégoupillée.
Souvenez vous de la devise du bataillon:
"Les gens du nord ont sur leurs factures le soleil qu'il n'ont pas dehors".
A l'attaque...