Je vous salue Miss Jones, pleine de grâce...
(Grace à Cannes, collage perso années 90)
(Grace à Cannes, collage perso années 90)
Ce 19 mai est décidément chargé, puisqu'en plus d'un mariage princier, on célèbre aujourd'hui le jubilé d'une reine: Grace Jones entre en effet dans sa 8 ème décennie.
Mais avant de lui chanter un Joyeux Anniversaire dans la langue de Molière qu'elle connaît par coeur, s'impose un rewind sur sa carrière de mannequin, de chanteuse, d'actrice et de musicienne.
Ladies and Gentlemen, Miss Grace Jones. Jones, the rhythm...
Née en Jamaïque, élevée aux Etats Unis, célébrée en Europe, Grace Jones a marqué de sa griffe inimitable la génération Nightclubbing du Palace au Club 54 (les deux mythiques boîtes de nuit dont elle fit l'ouverture), est devenue une icône de la mode en mariant style androgyne et excentricité féminine, a fait avancer la musique en alliant beats reggae et disco sophistiqué, le tout porté par une voix à la fois grave et frivole.
En s'inscrivant à l'agence Whilhelmina à Paris, à 18 ans, la sculpturale mannequin ignore sans doute la trajectoire qui l'attend au delà du runway et les images qu'elle va immortaliser au delà des shooting.
Mais c'est avant tout une icône de mode qui va se construire très tôt, au travers de Miyake, Kenzo ou Alaïa. Mais Grace ne veut pas rester une muette silhouette sur papier glacé, et va bientôt pousser de la sa voix brulante en signant un contrat avec la maison de de disques Island Records.
Elle a eût le don de s'entourer des plus grands de son époque, de Warhol à Keith Haring, et avant tout (dès 1979) son compagnon et mentor Jean Paul Goude, dont le portrait pas chinois explique à quel point le culte qui je lui vouais était intimement lié à ma passion d'ado pour la déesse noire.
Grace Jones a enchaîné toute une jeunesse à ses tubes, la transformant en Slave to the Rhythm.
Impossible de passer à côté de son audacieuse version de La Vie en Rose.
I need a man, Pull up to the bumper, I v'e seen that face before, Walking in the rain, I'm not perfect, Victor should have been a jazz musician ou Amado mio ne sont que quelques uns des titres atypiques, inclassables et donc classiques qui ont fait transpirer les uns, ont inspiré les autres, et ont enthousiasmé la planète entière au sens premier du terme, envahie littéralement par cette divinité sculpturale à la beauté sauvage! (comme elle le disait dans une pub) et au timbre envoûtant de prêtresse vaudou.
Si le cinéma lui a fait les yeux doux, elle n'a pas persévéré, trouvant que ça lui prend trop de temps.
Elle fût néanmoins une des plus étonnantes James Bond Girl, incarnant la dangereuse May Day aux côtés de Roger Moore en 007.
Connue pour ses frasques et reconnaissant volontiers un caractère affirmé, Grace ne s'est pourtant jamais calmée, n'a jamais arrêtée de chanter, mais elle a ralenti le rythme, comme elle le montre dans le documentaire Bloodlight and Bami, sorti cette année, et qui a mis pas moins de douze ans à voir le jour. Elle est toujours sur scène en 2017, où elle continue à exhiber sa plastique parfaite en faisant du hula-hoop fluo. Femme, mère, grand-mère, Grace a traversé le temps, fait et défait les modes, et écrit son histoire en contredisant les idées reçues, et en conservant une indépendance et une souveraine liberté d'expression artistique.
Grace est donc à plus d'un titre mythique, intemporelle et immortelle.
Je vous salue Miss Jones, pleine de grâce...
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Mon premier livre, Les Carnets du Flamand Rose, est disponible online.
Bonus 1: I've seen that face before (Libertango) , vidéo réalisée par Jean Paul Goude.
Bonus 2: Pull up to the bumper (également période Goude).
Bonus 3: I'm not perfect (but i'm perfect for you), la video en collaboration avec Keith Haring et le cameo de Warhol.