Paris est debout, Paris est amour.
On a évidemment pas de témoignage à apporter.
Ce serait indécent.
Le 13 novembre j'étais chez moi à Paris.
Pourtant, comme des milliers de personnes, et en tant que Flamand Rose à Paris, aujourd'hui je me sens encore concerné, simplement.
Juste concerné...
- 4 novembre:
Me rendant à Radio France à pied par les quais de Seine, je me retrouve braqué malgré moi par des hommes cagoulés.
C'est en fait un exercice des forces spéciales qui débarquant d'un bateau me figent un instant sur les quais.
Il est évident que les forces de l'ordre en général sont sur les dents depuis un moment, s'attendant à une attaque imminente sans savoir où va frapper cette menace fantôme.
- 13 novembre: Je rentre chez moi très tôt, c'est vendredi mais je ne suis pas d'humeur à sortir en terrasse.
J'écoute de la musique.
Je reçois un texto d'un de mes meilleurs amis:
- Tu es où?
- Chez moi tranquille
- Allume la télé
Je découvre les images du stade de France, mais le match ne semble pas s'être déroulé comme d'habitude.
Ma nièce m'appelle aussitôt depuis un restaurant Bruxellois.
- Tu vas bien?
- Oui.
Les réseaux soucieux commencent aussi à s'enflammer et je m'inquiète:
- Les nouvelles sont mauvaises, de plus en plus mauvaises, les frappes se multiplient un peu partout à Paris.
Facebook me propose de me signaler en sécurité. Flippant.
Terror.
- Pendant ce temps, on essaye tous de se localiser les uns les autres par textos ou par téléphone.
On prend des nouvelles, on cherche une amie injoignable qui dîne tranquillement dans un resto parisien ignorant encore tout de l'horreur.
Il n'y a plus d'heure, le temps est suspendu.
La nuit est longue.
La nuit est interminable.
La nuit est horrible.
La nuit est noire.
La nuit est blanche.
- 14 novembre: Sortir prendre l'air, faire des courses, prendre un café, parler aux voisins et à ceux qui bossent aujourd'hui.
Je devais prendre l'apéro avec des mais en terrasse, mais on le prendra à la maison. On allume des bougies. On trinque. On s'exprime.
- 15 Novembre: Mouvement de panique dans mon quartier qui s'étend jusqu'à la place de la République. Des gens se réfugient dans mon immeuble et dans les cours voisines. Psychose.
- 4 décembre: Je suis en terrasse et je vois ce couple s'embrasser en pleine rue, comme pour dire Paris est debout, Paris est amour.
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