A force de matraquage tout en croyant cibler,
la pub finit par se foutre le marteau dans l'oeil.
Bon, on se doutait bien que les espaces de liberté comme youtube, les réseaux soucieux, ou encore la télé à la demande ne resteraient pas longtemps vierge de toute huile première pression à froid.
J'entends: il fallait bien que les diffuseurs remplissent leur mission de temps de cerveau disponible et/ou rentabilisent les clics.
Mais si j'étais annonceur, je réfléchirais deux fois avant de tomber dans le panneau publicitaire ou dans la toile du ciblage à outrance.
Il y a certains flèches qui se perdent, et d'autres qui pourraient bien se transformer en boomerang...
Exemple 1:
J'essaye de regarder une vidéo.
La dernière bande annonce de Hunger Games, au hasard.
Je patiente, ça charge.
Je patiente.
On me lance une pub pour une automobile.
C'est pas ça que je voulais.
On me dit que ma vidéo sera prête dans 45, 44, 43.
Je patiente.
La pub est finie.
Je n'ai toujours pas passé de permis de conduire dans l'intervalle.
Non, juste pour info.
La vidéo charge.
L'ordi rame.
La moulinette rainbow warrior se met en marche.
Je rafraîchis la page.
Re pub.
Re bagnole.
Re patiente.
Re moulinette.
L'application a été quittée subitement.
Je relance.
Historique.
Hunger Games.
Je commence à avoir faim, en effet.
Re pub.
Re bagnole.
Miracle: la bande annonce où gronde la révolte commence enfin.
Et là comment vous dire: mon esprit limité a bien fait le lien entre le pouvoir totalitaire et la bagnole teutonne.
Exemple 2:
Je regarde une série haletante sur le replay.
Au hasard: Extant, avec Halle Berry.
La situation est gravity de chez gravity, puisqu'après avoir passé 13 mois dans l'espace, elle revient en cloque d'une forme de vie inconnue, a de gros soucis avec son androïde de fils et son génie de mari, est victime d'hallucinations, et ferait presque passer Sigourney Weaver dans Alien pour Chantal Goya dans le Mystérieux Voyage de Marie Rose.
Mais tandis que Halle se sert un jus d'orange qui remplit le verre de biais, et que son défunt boyfriend revient la hanter au petit dej.... coupure de pub.
Le mot coupure prend ici toute sa substance dans le fait qu'il sépare le début et la fin d'une des répliques de Miss Berry.
Pas la fin d'une réplique, pas la fin d'une scène.
En plein milieu.
Autant vous dire que mon cerveau s'arrête à la dernière consonne prononcée par la tornade noire, et attend patiemment , tous neurones en apnée, que la prochaine voyelle ne sorte de sa bouche pulpeuse.
Tous les jus d'orange avec ou sans pulpe, toutes les céréales avec ou sans pépites de chocolat, et toutes les colorations glossy glossy avec ou sans ammoniaque ne détourneront mon attention du sujet principal: que dit elle après Marcus, mais qu'est ce que tu f...
Exemple 3:
J'ai envie de lire un article de fond, au hasard un dossier sur les descentes de voitures de Kim Kardashian pendant la fashion week, ou un résumé d'une émission de téléréalité.
Dans les deux cas: du lourd.
Mais tandis que se charge la page, de petites fenêtres vicieuses apparaissent de partout, sur les côtés, au milieu, se déplacent avec moi quand je descend ou que je remonte.
Elles m'empêchent de voir et de lire.
Je clique sur la croix pour les faire disparaître et les voilà à nouveau en pleine page ou dans une autre fenêtre.
Je ferme la fenêtre.
Je déplace le curseur et je passe une vidéo muette qui devient instantanément sonore genre à me brouiller à vie avec mes voisins.
Et je ne conduis toujours pas de cross over, et je ne porte toujours pas d'escarpins donc je ne crie pas comme un hystérique.
Mais je suis tout colère.
Je lance enfin la vidéo du site d'information très sérieux et là, évidemment: les mêmes pubs que dans les fenêtres, en version longue avant la vidéo.
Là je me dis tant pis je vais aller pêcher l'info ailleurs, genre sur le site d'une grande chaîne mais là idem, page de pub, je me dis je vais aller voir sur Facebook en attendant, mais la pub se bloque dès je je clique ailleurs, donc je suis CONTRAINT de la regarder.
Je laisse tomber et je déteste décidément les berlines et/ou les talons aiguilles.
OU je vais faire autre chose en attendant, en pensant:
Je déteste la pub je déteste la pub, je déteste la pub.
Dernier exemple:
Vous connaissez Facebook?
Mais oui: le réseau soucieux des personnes âgées.
Et bien si j'en crois mon ami Zucky et son ciblage à l'épreuve des balles:
Il y a plein de filles russes qui voudraient bien m'épouser au volant de mon nouveau 4X4, si en plus je porte des mocassins à gland et que je m'injecte des stéroïdes dans les pecs, c'est encore mieux.
Et là moi je dis stop.
Car si dans deux secondes, je vois un sting ficelle pour hommes apparaître parce qu'un jour j'ai eu le malheur de taper le slip français (marque très recommandable et à recommander) sur Google, ou que j'ai droit à une page de pub pour swiffer, parce que j'ai voulu relire la Genèse en tapant "poussière, tu retourneras poussière", alors l'intelligence artificielle a encore des leçons à prendre en matière de sensibilité.
Car à force de matraquage tout en croyant cibler, la pub finit par se foutre le marteau dans l'oeil, et je reste poli.
Il faudrait peut être penser la pub autrement qu'en pensant qu'on peut penser à notre place.
Parce que la pub, c'est comme la poussière, ça revient toujours, mais c'est pas pour ça qu'on s'y attache.
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