Allez reviens gamin, c'est pour rire... gamin?
Je sais pas vous, mais j'ai déjà connu des mois plus riants.
Déjà que le mois de novembre, de manière générale, c'est pas exactement "boum boum, tagada tzouin tzouin", mais là franchement, on atteint des sommets inversement proportionnels aux bourses.
Des journées qui durent deux heures, des mauvaises nouvelles qui pleuvent dans une météo pourtant sèche, une tension franchement et mondialement connue et des images qui peuvent choquer les âmes les plus insensibles, une crise européenne qui nous promet des lendemains qui chantent dans le métro, des travaux forcés pour les précaires, faites passer le convoi de déchets radioactifs, tiens, ça nous changera les idées...
Si ça, ça ne vous donne pas la pèche au réveil (inutile de regarder Télématin, ils parlent comme chaque jour d'un cancer au hasard), d'écouter le chant des oiseaux (qui sont en grève suite à la menace d'un nouveau plan social), de boire un bon café (avant qu'ils ne foutent une taxe sur la caféine, pour raison de santé publique, bien entendu) en lisant le journal en commençant par l'horoscope qui vous annonce que côté coeur c'est la stabilité totale (le néant est en effet très stable, contrairement à l'euro), question réussite surtout n'entreprenez RIEN aujourd'hui (bonjour les procrastinateurs) et point de vue santé, TOUS les capricorne, de 0 à 150 ans auront mal au dos (c'est bon à savoir, surtout en maternelle où on prévoyait justement une activité "roulades").
Et pourtant, dans ce monde où les méchants semblent décidément à l'épreuve des boules (cad sans scrupules), l'indécrottable égobooster qui sommeille en moi a décidé ce mois ci de donner du bonheur aux autres (lire en novembre, mon blog fait des heureux).
Donc c'est très simple, je crie: vengeance!
Histoire de chasser un bon coup tous nos démons en coursant les fantômes.
Oui, je sais c'est vilain et suis censé être bon comme du bon pain.
Mais la baguette vient justement de passer à 4 euros 50.
Donc il nous faut un exutoire.
Et fissa fissa.
C'est injuste, je sais, mais en cas d'urgence...
Et puis le monde est injuste.
Ils nous faut donc une victime (et en plus ils lèvent spontanément le doigt, vu qu'ils sont toujours près à se distinguer):
J'ai nommé les BOGOSS.
Le Bogoss, c'est ce type qui ressemble à Baptiste Giabiconi en beaucoup moins beau et en plus ou moins jeune, et qui croit en permanence qu'il danse avec les stars.
Qui passe plus de temps à faire du sport pour parfaire son six pack qu'à retenir les cinq continents ou à admirer les sept merveilles du monde (vu qu'il n'est pas dedans, ça ne l'intéresse pas).
Narcissique au point de se noyer dans le lavabo tous les matins, il a le teint hâlé d'un footballeur brésilien, les fanes de baleine blanche avec une légère nuance de grand bleu, et une coiffure qui résisterait à des tirs de mortier.
Il a tellement confiance en lui qu'il n'a peur de personne, ni de rien.
Il vous balance avec l'assurance d'un char dans un jardin d'enfants, que rien ne peut l'arrêter, qu'il s'est récemment auto-proclamé "bogoss des bogoss", depuis qu'à la sueur de son tout petit front, il a retrouvé son sourire d'Apollon (le truc qui relie ses hanches en passant par son pubis franchement taillé).
Attention, et là je m'inscris en faux contre les clichés récurrents qui circulent à son sujet:
Ce n'est pas que le Bogoss n'a pas de cervelle, mais c'est que:
1. Il ne voit pas l'intérêt de s'en servir, vu qu'il est déjà beau et que ça lui suffit à gruger les oies (et on ne peut que lui donner raison sur ce point).
2. Il n'a pas trouvé à la salle de sport l'appareil pour le muscler.
3. De toutes façons, il a la tchatche et tout est toujours à portée d'iPhone.
Bien sûr, toutes les généralités (si elles sont bonnes à dire) ne sont pas toujours bonnes à faire.
Bien sûr il y a des bogoss qui ont aussi un QI rebondi, une passion pour la culture métaphysique et une auto-dérision décapotable.
Mais ceux là, on les appelle pas bogoss, on les appelle des bombes atomiques.
Parce que:
1. Leur simple évocation vous déprime pour la journée.
2. Le monde entier se bat pour les posséder et les garder.
3. Personne ne s'en sort indemne.
Mais jusque là, me direz vous, rien de neuf sous les UV.
Oui, sauf que quand les mules font des émules, ils peuvent rapidement devenir la norme.
Et de me rappeler cette jeune fille atteinte du syndrome d' Asperger qui déclarait chez Ardisson:
"La normalité n'est pas le summum de ce qu'on peut atteindre".
Et en disant cela, je sens bien que j'ai neutralisé le bogoss.
Instantanément, il se rend compte qu'en visant l'exception, il vient de rentrer dans le rang.
Qu'il n'a pas d'autre super-pouvoir que celui de la turbo-banalité.
Lui qui a toujours la répartie (trop) facile, ouvre ses dents et aspire les courants d'air (d'habitude, c'est plutôt l'inverse).
So teint orangé vire au verdache, il est soudain pris d'une violente migraine (sorte de crampe des cellules grises).
Son corps est pris de convulsions proches de la tektonik sous anabolisants.
Ses pectoraux se lyophilisent.
Il perd sa crête laquée et ses plumes de canard (laqué aussi).
Il se désintègre sous les yeux ébahis de la basse cour en plein cocktail dînatoire.
Il se croyaient fort, beau, libre, et il était prisonnier, numéroté, docile et consentant.
Il se croyait flamboyant et fabuleux, il est transpirant et transparent.
Cet exorcisme, pratiqué avec bienveillance et parcimonie, loin d'accabler ces pauvres paons/étalons déplumés/émasculés, a finalement pour effet de peut-être leur ouvrir les yeux sur ce qui n'est finalement qu'une arnaque de plus.
Le Bogoss est une cible, rien d'autre.
Une pompe à blé.
Une vache à lait de soja.
Une poule aux tout petits oeufs d'or.
"Tant va le cachalot à la gym, qu'à la fin il se casse."
Disait Jean-Pierre La Fontaine dans son dernier album de fables.
Sauvons Willy, Mikaël, et tous les autres.
Quand je vous disais que je voulais faire du bien ce mois-ci...
