Tout vous sourit aujourd'hui. vraiment tout.
On connaît ma passion pour ces journées absurdes.
Si vous n'êtes pas convaincus, il vous suffit de lire par exemple "C'est la journée des gauchers" dans la même catégorie.
Mais cette fois-ci, plutôt que de stigmatiser l'une ou l'autre minorité invisible et silencieuse, voire une majorité remarquable et expressive (lire aussi "C'est la journée de la Femme"), ce jour met en exergue un comportement plus ou moins décrié en ces temps voués à l'individualisme roi (là je sens que je vous ai perdus en trois mots poussiéreux).
Parce que justement, la gentillesse, est une vertu un peu passée de mode.
Aujourd'hui la gentillesse, est prise comme une faille, une faiblesse, une faillite annoncée.
"Je n'aime pas dire du mal des gens, mais effectivement il est gentil".
Si même le Père Noël est une ordure...
Pire: les actions (et les actes) de Gentillesse Corporation semblent en chute libre sur le marché des sentiments rentables.
Si on sait que l'histoire se finit sur la moto du Bad Guy, le Lucky Loser, lui, n'a plus que ses yeux pour pleurer.
Et une main... pour se moucher.
Les Gentils (pas ceux qui font l'amour le samedi, les vrais gentils je veux dire) non seulement n'ont pas la cote , ni les cottes, mais ils "méritent" une journée pour qu'on leur dise:
C'est pas grave, t'es gentil, c'est pas ta faute, t'es né comme ça on t'en veut pas et une fois par an, on fait comme si on était pareils avant de te remettre en quarantaine.
Oui, pire qu'une maladie, la gentillesse est un virus contagieux.
Et tout est fait pour éviter la pandémie.
Car si le diagnostic est limpide -les Gentils sont des gens biens sur papier- bizarrement, comme la peste, on les fuit après une semaine maximum de cure de gentillesse, pour éviter cette maladie socialement transmissible.
Et en plus, en bonus, ce qui est top quand on laisse tomber les gentils, c'est qu'ils te pardonnent facilement, ils ne se vengent pas, ne sont pas rancuniers, c'est donc très pratique, économique, et sans danger.
On se retourne sur les gentils, de temps en temps, en se disant"quand même, il était gentil".
Et le jour où on a besoin des gentils, on les ressort du placard, ou du tiroir, ou de la caisse à gentils, parce qu'on sait que les gentils se suffisent à eux-mêmes, n'ont pas besoin des autres, et vivent entre eux, un peu comme dans Toy Story, quoi, tu vois?
Les Gentils, quant à eux n'ont plus qu'à voir la gentillesse partout, et surtout où elle n'est pas.
Parce que ça aussi c'est une des vertus du gentil.
Dans les moindres gestes, dans le moindre regard ou sourire, dans le ciel, les animaux et les fleurs qu'il offre ou reçoit.
Et même dans la vinaigrette pour la salade.
La gentillesse est partout.
Mais oui, mais oui, c'est ça.
Le gentil est naïf, le gentil est poire, le gentil vit dans son monde où les bisounours adorent se balader dans les bois en période de chasse.
Où les Télétubbies adorent se faire entuber.
Où Candy cours dans le froid et tire la langue pour attraper la neige au risque d'attraper une pneumonie.
Où la Schtroumpfette, seule femme au village, ne se pose aucune question sur la reproduction de son espèce.
Et où les gentils finissent toujours par triompher (bon, ça c'est vrai).
Et puis quoi encore?
Non, non, non.
Moi je vous le dis, la gentillesse, si elle est naturelle chez certains, se travaille comme un muscle.
Si elle est un réflexe, elle s'entretient, comme la mémoire.
La gentillesse se pratique, se perfectionne, se façonne, se nourrit de celle des autres.
La Gentillesse n'est pas faite pour les fainéants et les lâches.
Le gentil n'est pas une victime consentante, mais un pompier volontaire.
Façon de parler.
Et ce n'est pas parce que vous allez faire du sport une fois par an, que vous allez ressembler à Mr Propre.
Tout le monde sait ça, même les plus gentils des gentils.
Donc, à votre tour, soyez gentils, prenez votre "Journée de la Gentillesse"là, et remisez-la par devers vous.
Et encore, je suis gentil...
