Fini de rire.
Il y a des gens qui ont des vrais problèmes.
Le réchauffement climatique au Groenland, c'est bien joli, mais se heurter à des icebergs en permanence, ça fait des bobos au coeur.
Ces vacances sont une chance unique de vous sortir de votre navigation (on peut dire aussi dérive) en solitaire.
C'est l'amour à la plage, ahou, tcha tcha tcha.
Et les yeux dans les yeux, ahou, ahou.
Disait Muriel Moreno.
En tout cas c'est ce qu'on vous avait dit...
Mais depuis votre arrivée, la seule émotion que vous avez ressenti est un haut le coeur à bord du "Cascado" à la fête foraine.
Parce qu'à la plage, c'est plutôt " le bonheur est dans le lointain".
Entre le groupe de garçons qui passent leur temps à se disputer le Public et le spray indice de protection -35, et dont pas un n'a daigné lever ses Ray Ban pour vous saluer, et la famille "Il y a toujours une bière fraîche dans la glacière à dix heures du matin", qui écoute très fort le best of des "Grosses têtes", vous êtes désespérément seul(e) au monde sur votre serviette.
Pour peu, vous dessineriez un visage sur votre ballon de plage, prendriez 40 kilos, et recevriez un Oscar.
D'ailleurs vous avez pris 40 kilos.
Des churros aux barbapapas, en passant par les pommes d'amour (la bonne blague), vous compensez plus qu'on ne le pense.
Et vous avez pris de la panse.
Ce n'est pas faute d'avoir essayé.
Entre les propositions de tournoi improvisé de beach volley (bitch, toi même!), les leçons de planche à voile (quelqu'un fait encore de la planche à voile en 2010?) et une soirée passée en solitaire autour d'un brasero à faire un flash mob même pas filmé, vous avez pris râteaux sur râteaux et sentez définitivement le pâté de sable.
Pas la moindre pelle à l'horizon, donc.
Le soir venu, vous vous êtes naïvement dit que la foire sur la place du marché ferait grimper au plafond vos chances de "scorer".
Malheureusement, ils ont tous douze ans (et demi) , et vous regardent comme un mauvais automate de dinosaure, genre "on ne nous la fait pas, on a bien vu que c'était truqué".
Vous vous sentez comme la femme à barbe au concours Miss Univers, et dans deux secondes vous allez louer "Elephant Man".
Et comme d'habitude, ce n'est que le dernier jour, à la soirée mousse de la "Siesta", où tout le monde boit 15 mojitos pour la première fois, que vous rencontrez l'âme soeur/frère qui vient d'arriver par l'eau en secouant les restes d'écume sur ses cheveux rôtis au sel de mer.
Un(e) indigène.
Coup de foudre à Everbody's ill (tout le monde vomit sur la plage).
Le problème, c'est que vous connaissez tous les deux la chanson:
Pour l'un, demain c'est "Partir un Jour" des 2B3.
Pour l'autre, c'est "Au suivant" de Jacques Brel.
Vous n'êtes pas au même diapason.
L'avantage, c'est que vous avez pris 6000 photos avec votre numérique, histoire de pouvoir broder un peu quand vous rentrerez chez vous, et que vos amis vous poseront la rituelle et très énervante question: "Alors?".
Et un peu comme dans Grease, et son "Summer Nights", vous donnerez votre version des faits.
Officiellement, vous vous êtes tournés autour pendant quinze jours, et vous avez promis de vous écrire des textos.
C'est un amour de vacances, une histoire sans lendemain,
Mais à laquelle on repense les yeux pleins de chagrin.
Disait Christophe Rippert.
