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2018-03-23

L'Album du moi: Pink Floyd/ Dark Side of the Moon



Le côté obscur de la lune et la quadrature du triangle.




Dark Side Of the Moon, huitième album de Pink Floyd, paru en mars 1973 est un peu à la musique ce que la Joconde est à la peinture: une forme d'abstraction dans l'art qu'il illustre.

Il ne s'agit donc pas ici d'ajouter une nouvelle vision, une nouvelle audition, une nouvelle lecture du monument déjà tant et tant commenté , mais de le visiter subjectivement, de plage en plage, en suivant le sillon, à travers le prisme d'un visiteur nostalgique, tandis qu'il fête ses quarante cinq printemps...

Si l'album paraît le 1 mars aux Etats Unis, il faudra en effet attendre le 23 pour qu'il ait traversé l'Atlantique.
Aujourd'hui, on attendrait 23 centièmes de secondes à peine, le coeur battant d'impatience.

Et c'est d'ailleurs naturellement sur ce battement que se fait l'ouverture de cet opéra rock progressif, tachons pour l'exercice de style, de le commenter en temps réel, en écriture automatique.

Speak to me, l'introduction, ses bruit, ses paroles inaudibles et ses cris fait rapidement place à
Breathe, le morceau qui a fait planer Air étant mômes, Breathe in the air, don't be afraid to care.
Don't leave me... choose your ground... how you fly. Run, rabbit run, nous voilà déjà partis avec Alice au pays des chefs d'oeuvres, comme cette balade qui se transform en course justement avec
On the run, sa civilisation d'horaires, de navetteurs, de rames et de drames en passages d'électronicoptères . Toutes les prémices anxiogènes de la jungle façon Firestarter de Prodigy, au royaume de Trainspotting, post Viet Nam War et Apocalyspse Now. L'album n'est pas seulement éternel mais ancré dans son époque.
Time, nous réveille d'ailleurs avec ses horloges. Prise de conscience et manifeste. La guitare crie sa douleur et sa mélancolie d'un bonheur passé, voire perdu. Rien ne sert de courir après le soleil couchant, la fin est la même pour tous. Sublime.
The Great Gig in the sky nous offre une respiration par son boeuf aérien de gospels inspiré et très expirés par Clare Torry.
Money, back to life, back to reality, back to work. L'énergie dépensée à payer les factures d'énergie. La première classe se paye par la lutte des classes:
Us and Them, l'un des plus beaux morceaux nous emmène au son des orgues vers le saxophone, after all we're only ordinary men. Me and you. God only knows it's not what we would choose to to. Noir et bleu, le ciel n'est pas le même, Up and down, les cycles s'enchaînent.
Any Colour you like, dans ce rainbow de gimmicks électros et ses champs de guitares magnétiques.
Brain damage, le lunatique est dans l'herbe, dans le trou, dans ma maison. Sex, drugs & Rock'n Roll.  Pink Floyd, c'est le côté obscur de la lune. There's someone in my head and it's not me. I see your on the dark side of the moon...
Eclispe referme le livre des merveilles, comme il l'a ouvert. Eros et Thanatos réunis, quoi qu'on dise quoiqu'on fasse, tout est éclipsé tôt ou tard par la beauté de la lune, fût-elle noire.

On vous l'a dit, tout a été dit sur le pourquoi du comment, sur les enregistrements et les instruments, sur la raison et les sentiments.
On vous propose juste d'en faire à votre tour l'expérience unique en son genre, car la votre.
Chaque morceau résonne, trouve un écho différent dans chaque pavillon, chaque cerveau, et chaque ventre.
L'impossible est de passer à côté complètement: Pink Floyd, c'est la quadrature du triangle.


Mon premier livre, Les Carnets du Flamand Rose,  est disponible online.

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