Des sièges vides et des compressions.
On a déjà presque tout dit et écrit sur le sujet, et pourtant: il fallait refaire le match.
De #metoo à #balancetonporc, les cérémonies ont été commentées dans les médias et sur les réseaux soucieux, soucieux justement de donner la meilleure image d'eux-mêmes après une année très animée dans les salles et en dehors des plateaux.
Retour avec un minimum de recul sur deux salles pleines de stars, de déclarations déchaînées, et d'hommages vibrants...
Manu rêva et la ballade de Jimmy:
Du côté de la salle Pleyel, on a commencé en musique, avec une introduction mi-Tony mitonnée par Manu Payet, où chaque César incarné intervenait à sa manière: acteur imbu de son téléphone, actrice mentant sur son âge, ou espoirs en fleurs et en pleurs.
Le problème, comme le disait le César du montage, c'est que la cérémonie est toujours trop longue, et qu'en l'occurrence, l'intro aussi.
Et si on ne doute pas du talent de Manu Payet, il n'est pas non plus Neil Patrick Harris, qui est tombé dans la comédie musicale quand il était la la maternelle.
On salue l'effort, puisqu'il s'est vu, mais peut être c'est mieux que les César fassent du cinéma et pas du music-hall.
Jimmy Kimmel quant à lui, hôte de télévision rôdé, semblait pour sa deuxième cérémonie consécutive, plus chez lui que jamais.
Avec une actualité brûlante en coulisses, il avait de quoi lâcher les vannes.
Et puis, c'est toujours plus facile de faire des blagues devant un parterre de stars hollywoodiennes bienveillantes par contrat, que devant des parisiens professionnels de la profession sauf de l'autodérision.
Sans surprise donc, on a balancé de la saucisse, du Harvey carbonisé, du Merryl Steep (qui fait désormais partie intégrante du premier rang) et du Donald qui n'est toujours plus l'ami de Mickey.
Mais évidemment, on le dit encore une fois, la matière est plus dense, et les participants plus bienveillants.
Les sièges vides:
On distingue cette année deux catégories d'absents.
A ma West coast:
Evidemment Weinstein (trois plaignantes sont venues remettre un prix), Spacey (épargné par les balles de Jimmy Long Riffle) Matt Damon (pourtant pote de Jimmy) et les frères Affleck (Casey aurait dû logiquement remettre une statuette), et James Franco (pas toujours au dessus de tout soupçon), qu'ils soit présumés coupables ou témoins silencieux, innocents aux mains sales ou affreux vilains, ils étaient en tout cas tous persona non grata ou ont préféré rester à l'ombre.
A ma Rive droite:
Les acteurs, actrices, chanteuses, et autres fantômes du passé, qui sont passé pour faire passer une soirée la moins morbide possible tout en honorant un maximum leur mémoire perdue.
De Moreau à Rochefort en passant l'incontournable Johnny, tout était organisé pour que ça se voit et que ça s'entende, mais pas que ça se sente.
Vu l'hécatombe, on avait peur que la cérémonie soit hantée, mais l'intelligence des producteurs et des acteurs de la soirée a réussi l'impossible.
Il y avait de l'émotion peut-être même plus que d'habitude, et la soirée n'était pas plus plombée que d'habitude.
Et on a même rendu à César un hommage vingt ans après son décès.
Le luxe.
Les présents ont eu raison de venir:
Que ce soit Frances Mac Dormand ou Gary Oldman, Alison Janney ou Sam Rockwell, véritable car d'as d'acteurs cette année, tous ont bien fait de venir et ont très bien dit merci.
Aux César, c'est plus compliqué surtout quand on imite les américains avec la musique qui te pousse dehors.
Il faut juste apprendre à être plus concis, le rythme c'est un métier.
Si on ne comprend pas pourquoi The Shape Of Water (Amélie Poulain in love with Godzilla) a raflé les meilleurs prix, on a vu côté français qu'il y a toujours un outsider qui fait la nique à tout le monde.
Et cette année, c'est Le Petit Paysan, pitché de manière hilarante par Manu Payet:
C'est l'histoire d'un type qui aime ses vaches, qui tombent malades et qui meurent.
Le Petit Paysan n'a pas tout perdu, puisqu'il rafle de belles compressions, empêchant 120 battements par minute de faire 120 Césars en 240 minutes.
La gommette du remettant est remise respectivement à Blanche Gardin pour "Oui, il y a des producteurs qui abusent mais aussi des actrices qui couchent", et Sandra Bullock pour "Baissez la lumière que j'aie l'air plus jeune".
On vous aurait bien parlé des robes et des tenues (carton rouge à Vuitton pour avoir emballé Emma dans un smoking de Pâques), de BB8 (quoi?) et de Rita Moreno (qui?) , mais malheureusement, on me dit qu'on a plus le temps.
Ce sera pour l'année prochaine...
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