007, ou 50 ans passés sur son 31
Bon Dieu de Good Lord.
Bon sang de good evening.
Si vous ne connaissez pas son nom, c'est que vous vivez en terre inconnue depuis au moins un demi siècle.
Car 007, le préfixe british le plus célèbre de la planète, fête en ce moment ses cinquante ans au service de sa majesté, et question matraquage, vous allez en prendre, vous aussi pour votre matricule...
Par contre, on oublie qu'à la source de la désormais franchise fleuve, il y avait les romans de Ian Fleming, et là moins sûr qu'on soit nombreux à y avoir goûté.
Sorti du frigo et de l'imaginaire de l'ex espion en pleine guerre froide, le héros, inspiré de l'agent double serbe Dusko Popov (il a bien fait de changer le nom), tient en fait en douze romans, douze "missions impossible n'est pas anglais".
Et très vite, le cinéma s'empare de ce double zéro, qui a fraîchement acquis son permis de de tuer, pour atteindre une cible aussi large que le monde n'est pas suffisant.
Les étalons:
Plusieurs visages donneront leur corps à cette science du flinguage de smoking:
Sean Connery, first but not least, übersexuel avant l'heure, qui avec son flegme britannique et sa paluche écossaise, incarne à merveille l'espion qui cartonne autant dans son job qu'auprès des filles qui ont le plus grand mal à lui dire:
No, means no!
Un brin macho, oui, car son petit gold finger lui dit que dans le fond les femmes, elles aiment ça.
Et si Sean Connery a bien vieilli (il incarne toujours le fantasme du mâle à la main ferme), les films eux, nous prouvent malheureusement que certains clichés sur les femmes ont la dent dure.
Toute une époque.
George Lazenby, l'espion qui venait du bas, ne fera qu'une brève apparition avec son silencieux.
L'australien fît un CDD aux côtés de Diana Rigg, maître es bottes de cuir, avant que Sean ne reprenne son service.
Roger Moore, ou devrait-on dire Roger Humor, joue d'avantage sur ce qui a fait son succès à la télévision dans "Le Saint" et "Amicalement Vôtre" avec ou sans Tony Curtis. L'oeil vif et la langue acérée, il fait souvent mouche auprès de ces dames.
Par contre, certaines histoires aussi tentaculaires que grotesques, vont l'emmener loin dans l'espace et parfois même aux confins du ridicule.
Mais Roger s'en sort la plupart du temps haut la main et le brushing impeccable (1).
James fait le mur, les histoires se font la malle:
Timoty Dalton, en deux films seulement, n'aura pas beaucoup le temps de tuer n'est pas jouer.
C'est la fin des années 80, le mur de Berlin s'effondre et les scénaristes semblent quelque peu s'essouffler sur les pistes de ski, amorçant une descente vertigineuse qui s'achèvera dans des camions citernes en panne d'inspiration.
Timothy, moins shampooing à la camomille et plus fossette prince de Galles, ne démérite pas, même si il se traîne la réputation de ses prédécesseurs comme un boulet dans les courses poursuites.
Pierce Brosnan aurait pu être l'utlimate 007. Mais comme dit précédemment, la richesse des intrigues est inversement proportionnelle à l'argent engrangé par le placement de produit.
Des scénarios soporifiques et des pubs version longue, empêchent Pierce de montrer qu'il a tout d'une grande.
Mélange parfait entre le viril écossais, et le comique anglais, l'irish coffee est décaféiné par ces jus de chaussette qui marchent pourtant très bien au box office.
Comme quoi.
Après le bug:
Daniel Craig, dernier en date, marque le retour aux sources à plus d'un titre.
Celui de la première histoire, chronologiquement, de Fleming:"Espions faites vos jeux", qui avait déjà connu une adaptation "hors série", Casino Royale, avec David Niven en espion à la retraite et anobli.
Mais le film s'éloignait tel un ovni du roman d'origine.
Cette nouvelle version, à la fois historique donc et moderne, célèbre une ère nouvelle pour l'espion viril mais correct, agent sexuel et amant secret, qui en a dans le holster et qui en plus a un coeur qui bat au rythme des cartes.
Une réussite.
On oubliera très vite l'obscur "Quantum of Solace", et on tape du pied d'impatience, en attendant "Skyfall" qui sortira ce mois-ci.
Avec Javier Bardem et Ralph Fiennes à l'affiche, et Sam Mendes aux commandes, on se réjouit à l'avance (mais trop tôt?).
Des filles et du Q:
Mais ce qui fît sans aucun doute le succès des films, outre des méchants de carrures diverses, ce sont les épaules des "Girls just wanna have James".
Toutes plus sublimes les unes que les autres, parfois gentilles et victimes, belles, revêches et rebelles, froides et calculatrices ou naïves et traîtresses, le rôle de la femme a (on le disait plus haut) dieu merci évolué au fil des années.
De Ursula Andress à Eva Green, en passant par Halle Berry, Carole Bouquet et Grace Jones, elles sont nombreuses à avoir marqué de leur empreinte les plages exotiques et de leurs griffes le dos de l'espion qui les aimait, mais pas trop.
Elles (leur personnage, s'entend) n'arrivent cependant pas à la cheville de M, la boss, la level 001, incarnée depuis un moment par Dame Judy Dench, impériale, surtout quand la moutarde lui monte au nez.
Mais on regrette que Miss Money Penny n'ait été, la plupart du temps, réduite qu' à ses tâches administratives.
On ne peut faire l'impasse sur les histoires de Q, et les gadgets qui viennent pimenter les débats entre James et ses nombreux partenaires de jeu.
On connaît la chanson:
Autre ingrédient indispensable, et qui connut lui aussi des bonheurs divers: le générique animé et sa traditionnelle chanson, qui suit directement le thème principal de John Barry, sont aussi attendus par les fans que le film lui même et qui souvent donne le ton, le la de ce qui suivra, à la fois métronome et baromètre, donc.
Là aussi, ce sont les femmes qui ont marqué le plus de points, comme Tina Turner et son "Golden Eye", ou Shirley Bassey et son "Gold Finger" et "Diamonds are Forever".
On passera cependant sous silence Madonna et sa golden shower dans "Die Another Day".
Classé top secret.
Dernière Diva a faire son entrée en scène, Adèle s'inscrit naturellement dans cette droite lignée, comme si en fait c'était évident qu'elle en ferait une un jour, forcément.
Happy B Day, Mister B:
A cinquante ans, on a encore la vie devant soi.
Et l'histoire de la fiction, quoi qu'on en pense, aurait du mal passer ce cette figure populaire, inscrite au patrimoine immatériel de l'espionnage, héritier de la guerre froide, au charme dévastateur, et aux dommages collatéraux.
On lui souhaite de bien vieillir, car il porte toujours bien le flingue à gauche, et défonce toujours bien la deuxième porte à droite.
Au fait, je ne vous ai pas dit son nom:
Il s'appelle Bond, James Bond.
Parce que Popov, ça aurait fait un peu clown...
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(1) Roger, coiffeur de la Reine depuis 50 ans à Bruxelles.