Un inca dans le métro.
Vous savez que je n'aime pas les gros mots.Mais aux gros maux, les gros remèdes.
Je n'en peux plus d'entendre parler de la fin du monde.
Surtout quand le mois de Novembre est aussi délicieux.
Et je ne parle pas que de la météo.
Mais sincèrement, ce n'est pas parce que trois mayas ont calculé avec leur boulier compteur en fèves, entre leur chimole du midi et leur sacrifice humain du soir, que le monde finirait en 2012, qu'on va se pourrir la vie pendant deux ans, non?
Comment dit-on NIET en maya?
Si un porte-avion doit vraiment raser un jour la Maison Blanche, de deux choses l'une:
Soit elle sera évacuée à temps.
Soit on s'en fout, CNN ne sera plus en mesure de nous montrer d'images du tout.
Je veux dire par là: à quoi sert, franchement, de se faire peur (ou de se rassurer?) en anticipant la fin d'une civilisation, alors que personne ne sait quand sonnera notre heure (à chacun), qu'on est pas capable de vivre ensemble et qu'on ne trie ses déchets qu'une fois par millénaire?
En fait quelle certitude avons nous?
Je ne vais pas, en plus de la grippe Aaaaaaaaaaaaaaaah, flipper à chaque fois que je croise un maya dans la ville?
Je ne vais tout de même pas me prosterner en implorant le ciel, à chaque fois qu'il chante "la Colegiala" dans le métro?
N'est-ce pas un peu facile de se dédouaner ainsi de tous les malheurs qui pourraient nous tomber dessus? (et je ne parle pas de comètes).
N'est- ce pas un peu lâche d'excuser ainsi par avance, toutes les erreurs que nous commettrons?
"De toutes façons, on s'en fiche, c'est bientôt la fin du monde." dira Raymond au 20h (si il y en a encore un).
Je cesse tout de suite ce prêchi-prêcha ridicule.
J'ai toujours détesté les donneurs de leçons, et les maths.
Ok, les Mayas étaient des élèves doués.
Ok, ils savaient jouer aux légos.
Ok, ils maîtrisaient l'art du cabaret.
Mais si la fin du monde est proche, je veux être hypermétrope.
Hypermétrope et joyeux.
Joyeux et incertain.
Incertain et vivant.
Vivant et ridicule.
Ridicule et nu, avec une plume où je pense.
Et jusqu'à preuve du contraire, je pense avec ma tête...