Messieurs: à vos marques, prêts? Pas pipi dans Paris!
Ce n'est pas particulièrement le genre de sujet qu'on aime aborder ici, mais là comment vous dire:
Il y a urgence (c'est le mot).
Si on peut comprendre une politique (au sens étymologique du terme, c'est à dire science des affaires de la cité) qui englobe les questions de santé publique (hygiène, pandémies, épidémies...), on a du mal en ce moment à comprendre certaines priorités de la Ville de Paris très axées sur les sanitaires....
Rendez-nous les Vespasiennes:
Cet été déjà, on a vu apparaître dans la ville d'étranges édifices de la taille d'une poubelle, où ces messieurs, manifestement frappés par une incontinence générale et incivile, qui les empêcherait d'aller se soulager au café du coin, étaient censés glisser leur appendice à la vue de tout un chacun, et surtout de chacun des touristes, pour y satisfaire leur besoin le plus urgent , c'est à dire celui qui ne souffre de parcourir ne serait-ce que cinq mètres dans une ville qui compte autant de bars que la Belgique n'a de salons de coiffures (notez que j'évite ici à dessein le cliché de la baraque à frites).
Car en effet, ne serait-ce pas un tantinet pousser l'archétype du mâle alpha (celui qui ne sait faire qu'une chose à la fois, c'est à dire qui ne saurait contrôler sa vessie) et qui pisserait (désolé mais j'ai déjà épuisé les synonymes) à tout va, à tout vent, et sur tous les murs de la plus belle des capitales.
Certes, on peut imaginer que la surconsommation de bière peut par exemple entraîner une suractivité des voies urinaires (vous voyez, quand j'utilise des termes cliniques c'est encore plus vilain), mais de là à penser qu'un mec qui se respecte, et sauf accident, peut très bien attendre le prochain débit de boisson, ou sa maison, pour traiter les affaires trop urgentes. Et si c'est le cas, ça l'est également pour ces demoiselles, qui le cas échéant, n'hésiteraient pas à s'intercaler entre deux véhicules (et pas forcement des 4X4) pour s'assurer un retour plus serein.
Faisons fi de cette caricature, et oublions que cet uritrottoir ( en voilà un nom bien sympathique) n'est ni pratique, ni esthétique, et ne concurrence en rien les anciennes vespasiennes, qui assuraient un peu d'intimité, et vous dégageaient les sinus au passage. L'alibi écologique (l'urine étant censée arroser des plantes au sommet de la poubelle rouge) ne suffisant pas à combler le ridicule de la situation (personnellement, je n'aime pas me sentir observé), et au passage rajoutant encore un peu plus d'humiliation (pourquoi ne pas arroser directement les plantes et les arbres qui en on tant besoin?).
La goutte qui fait déborder la cuvette:
Mais comme si cela ne suffisait pas, et comme s'il s'agissait presque d'une obsession à la Mairie, voilà qu'on nous sert aujourd'hui une chansonnette accompagnée d'un clip qui a pour titre subtil Pas pipi dans Paris, et qui remercie tous ces hommes (clairement visés par ce jet) qui se retiennent pour le bien de la communauté, pour ne pas dire de l'humanité.
La vidéo nous présente une chanson humoristique (s'il en est) sur les bienfaits de cette retenue.
Lui manque "juste" le génie d'un Gotainer ou la malice d'un Perret.
On ne vous citera que quelques exemples: un doudou tombé par terre (comme s'il existait un parent responsable qui ne laverait pas un doudou tombé dans une flaque suspecte), idem pour des légumes tombés du cabas (qui comme par miracle ne seraient pas marinés), et je vous en passe à la raie. Je veux dire à la craie (pauvres enfants qui jouent à la marelle dans les dites flaques).
On croit rêver. Comme si il y avait des gosses qui jouaient encore à la marelle. Ils auraient trop peur de se faire écraser par un vélib, ou une trottinette à moteur.
Aujourd'hui, les es enfants jouent à tuer des gens sur Nintendo, c'est plus propre.
Mais revenons au clip dont l'esthétique disons-le résolument axée sur la couleur jaune, nous présente une succession d'images qui donneraient des orgasmes à répétition à tous les amateurs de golden shower. Pardon j'y vais fort, mais allez voir la vidéo, elle aussi y va fort dans le dégoutant.
Du chanteur qui utilise une brosse à cabinet comme micro (en parlant d'hygiène, il n'y a pas mieux), aux gouttes pipi de Titi sur les chaussures, et sur la langue (bon appétit, Titi), en passant par les figurants littéralement arrosés, rien ne nous est épargné.
Ah oui, j'ai appris un truc: on peut faire du yoga sur les pavés (ça doit être bon pour la colonne).
Même les robes en papier toilette plutôt rigolotes finissent par nous faire rire jaune, tant l'accumulation, et le manque de subtilité en deviennent eux-aussi nauséabonds.
Non seulement, à mon avis le clip manque sa cible, mais finit par déborder littéralement de mauvais goût.
Si on peut légitimement déplorer le comportement peu responsable de certains (et si on mettait ça sur le dos des touristes?), ce n'est pas à mon humble avis en les infantilisant qu'on obtiendra le résultat escompté.
Je n'en tiendrai pas rigueurs aux acteurs du drame, mais plutôt à ceux qui leur ont ouvert le robinet:
Il ne faut pas tout confondre tout le temps, ça finit par se remarquer.
Sinon j'y vais de mon: Quand on est sans logis, forcément on a pas de toilettes dedans.
Voire de mon: Pendant ce temps là, les piétons ne sont plus en sécurité nulle part, même sur les clous et les trottoirs.
Sorry aux artistes qui ont cru bien faire et qui se sont oubliés , mais là aussi, à mon humble avis, il eût mieux valut se retenir...
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