Il ne faut pas confondre
Rockabilly et Rocky Balboa.
C'est officiel: la mode, elle aussi, se bat pour conserver son triple A.
A comme anachronismes.
A comme accumulation.
A comme andouilles VS asperges.
Car si nous sommes déjà entrés dans la deuxième décade de nouveau millénaire, la mode ne semble avoir du mal à se débarrasser du 20 ème siècle.
On est donc rétro comme rétrospective...
Et dans les rues de Paris, pour la fashion week homme, on se croirait un peu dans "Les Incorruptibles".
En même temps c'est un retour vers le futur relativement logique, puisque la grande caractéristique des années trente, c'est la crise économique généralisée.
Des dizaines de feutres, larges ou moins large, mous du genou ou ayant du jarret, se croisent, le regard à la fois entendu et grave, genre "toi, tu en es".
Cette drôle d'organisation du crime stylistique organisé (certains confondent Al Capone avec le Colonel Moutarde), se retrouvent donc par exemple dans l'arrière salle d'une galerie clandestine transformée en showroom pour picoler du champagne en cachette, comme au bon vieux temps de la prohibition.
Le cercle s'est refermé, et certains tentent de jouer les infiltrés, sans y parvenir.
On ne rentre pas (ou plus) comme ça dans la mafia de la mode.
Ils sont donc nombreux à faire le pied de grue devant l'entrée des défilés, et des soirées, espérant attendrir le molosse qui monte la garde.
- J'ai perdu mon carton...
- Il n'y a pas de carton. Il y a un mot de passe.
- Galliano is not dead?
-Non.
- Alcatraz?
- C'est pas ça.
-J'ai deux amours, mon pays et Paris?
- Entrez donc...
D'autres ont carrément confondu superposition avec hypertrophie.
Pulls démesurés, déglingués, démantibulés, en période de vaches maigres, on ne fait pas dans le détail:
On fait dans le gros ou le demi gros, voire le grotesque.
Gros: je suis anorexique MAIS sous une tonne de vêtements informes qui me rendent difforme.
Huplahup, barbatruc!
Demi Gros: Pull XXXXXXXXXXL et écharpe kilométrique ou cache col au kilo, sur pantalon taillé bonzaï et godillots de Remi sans famille.
Autre tendance toute aussi lourde chez les asperges:
Le total look noir, ou "don't look at me, i'm famous", quelque part entre le gothique furtif (indétectable pour le commun des des consommateurs) , et "Enterrement de première classe mannequin".
Je suis maigre, pâle, et je bosse pour les parrains de la mode.
On y revient.
Bon ils n'ont peut-être pas trouvé le remède à la crise, mais ils ont manifestement découvert "The Cure".
Petit conseil pour finir: pour ceux qui ont préféré les années 50 aux années 30, ne forcez pas trop sur le rockabilly, ça ne va pas à tout le monde.
Si certains d'entre vous font penser au King ou aux Stray Cats, d'autres font plutôt "Les Forbans".
Chante, chante, danse et mets tes baskets...
Et passé un certain âge, ça fait un peu Rocky Balboa, surtout quand vous chantez "Adrienne".
Allez, n'oublions pas que la mode n'est pas une chose sérieuse, surtout en cette époque qui l'est un peu trop à mon goût...