Ce n'est pas le rayon charcuterie, c'est le rayon primeurs.
Hier soir, c'était vernissage à Paris.
Et en l'occurrence c'était les deux.
Tirées à quatre épingles, les très grandes mannequins croisent les grosses légumes cravatées au buffet.
On est bien rive gauche.
Car ce ne sont pas les photos les plus osées non plus qu'on vient voir dans une magnifique boîte noire, perchée au dernier étage du toujours très chic magasin parisien.
On vient voir des actrices (et peu d'acteurs) sublimes qui s'encanaillent sous l'objectif d' Ellen von Unwerth (prononcez vonne eune oueurt)....
Vanessa Paradis, Drew Barrymore ou Nicole Kidman, Brad Pitt, Vincent Cassel ou Ewan Mac Gregor, shootés aux quatre coins du monde, parfois dénudés, parfois pas, avec pour seul dénominateur commun le cinéma, et pour seuls fils conducteurs ceux qui tiennent les photos accrochées dans le vide.
Des alcôves présentent des films, où l'on voit notamment Kirsten Dunst gambader avec des copines dans une sorte de version plus guillerette de Virgin Suicides.
C'est donc d'avantage une rétrospective, un hommage à la belle Ellen, qu'une expo.
On est loin des images parfois provocatrices de l'ex mannequin.
Ce n'est pas le rayon charcuterie.
C'est le rayon primeurs.
"Il y a des photos qui sont belles" commente un trench.
Passé ce cap, il faut juste regarder chaque photo indépendamment pour se rendre compte du véritable talent de l'allemande à capter la sensualité de ces femmes aussi différentes que Charlotte Gainsgourg et Demi Moore.
Comme ce sublime portrait de Sharon Stone, shooté dans un couloir d'hôtel (?) en 1993.
On resterait bien là à le contempler des heures (s'il n'y avait pas l'appel des petits fours, bien sûr).
Dans la cohue générale et habituelle de ce genre d'événement, mieux vaut faire plus d' 1,84m (ce qui n'est pas mon cas).
1. ça permet de s'orienter plus facilement
2. tout le monde croît vous reconnaître
3. vous n'attendez pas 56 minutes pour recevoir une coupette, vu le barrage soigneusement dressé au bar par toute une flopée de wanabes.
Ludivine Sagnier semble perdue.
Je reprends une roulade de jambon aux asperges.
Une longiligne blonde shoote les guests et prépare manifestement sa reconversion.
On signale une coiffure "moumoute mal placée", un sosie de Galliano, une blanche neige et les quelques personnages tout droit sortis d'illustrations de Mark Ryden (allez voir sur google).
Tout ça sous le regard curieux des invités de taille moyenne, qui se sentent tout à coup un peu comme des hobbits dans la communauté de l'anneau.
Pour sûr, ça change de la fête du personnel.
Le Dj lance "Original Sin" d'INXS.
Les plus vieux (ce qui est mon cas) se mettent à danser.
Trois petits tours et puis tout le monde s'en va.
Sous le regard bienveillant mais vigilant de la sécurité.
Pas de "goodies" au programme, c'est officiel.
Juliette a mal aux pieds.
Il doit rester du champagne au Lutetia, ou "La Nouvelle Star, ça continue" à regarder pour les autres.
Mais comme le dit bien l'expo, tout ça n'est après tout qu'une histoire de cinéma...
Le Cinéma d'Ellen von Unwerth.
du 6 mai au 19 juin au Bon Marché
7, rue de Sèvres, Paris 7ème.
Illustration: Vincent Cassel et Monica Bellucci sur le carton d'invitation, photo d'Ellen von Unwerth.