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2017-07-21

Article 1500: Le making of 5:55.


A cinq heures cinquante cinq, ante meridiem...

21 juillet, jour de fête nationale belge, étant une date éminemment  symbolique, le hasard (si on y croit) fait parfois bien les choses.

Voici donc le 1500 ème article: De Profil ( et fier de ses origines).

Entre le label Top of The Posts et la rubrique Bilan dans le désordre, sans oublier les articles qui ont célébré les 10 ans: De Profil, on est déjà ici suffisamment revenus sur le passé, on a déjà suffisamment fouillé les archives.
On vous a aussi parlé du futur, avec notamment la création de nouveaux labels pour une meilleure lecture.

De plus, ce mois de juillet étant dédié à Summer & the City, ses couleurs se doivent d'osciller entre le rose poudré de Carrie Bradshaw et le teint halé des mystérieuses cités d'or.

Enfin, je vous rappelle que le recueil de textes  des 10 ans, Les Carnets du Flamand Rose est disponible aux éditions du Karrefour.

Alors plutôt que de faire un best of ou une rétrospective, des projections incongrues ou des promesses non tenues, on a décidé de vous révéler un secret de fabrication..


Il est cinq heures, Paris s'éveille:

5h 55': Je fige l'instant en photographiant mon réveil, puis en l'instagrammant.
Que ce soit en raison d'une insomnie passagère, d'aurores insistantes, ou d'une nuit déjà chargée en sommeil paradoxal, il n'est pas rare que je me retrouve au lit devant mon laptop adoré, compagnon de route avec qui je suis en couple libre depuis quelques années déjà.


Si certains magazines d'été prétendent qu'on a droit qu'à deux grandes histoires d'amour dans sa vie, alors je suis vernis, en fait:
J'en ai déjà eu trois, puisqu'outre une relation de presque 10 ans avec un être humain, j'ai vécu une histoire passionnelle avec un Macbook immaculé qui nous a quittés en 2012.

J'écris donc avec le Macbook pro généralement sur les cuisses. Il ne faut donc pas s'étonner que notre relation ne soit plus strictement professionnelle.

Après un bref coup d'oeil sur les statistiques de la veille (histoire de me motiver), je suis déjà en forme (la caféine opère) pour regarder dans mes brouillons, faire un bref tour de l'actu matinale sur le web, histoire d'évaluer les chantiers en cours et les surprises du jour (qui se lève déjà,  avec un peu de chance).

La France qui se lève tôt:

6h16': L'aube parisienne, telle que je la connais est rythmée par le bruit des poubelles que les gardiens d'immeuble traînent sur les pavés, et souvent accompagnée de la chorale des mouettes de la Seine, qui, affamées, viennent guetter les ordures susnommées.
Je suis à peu près certain qu'elles chantent: Tiens, voilà du boudin...

Moi, sauf en période de vache maigres, j'ai déjà en tête l'article du jour, il ne reste plus qu'à le mettre en forme, à l'assaisonner en fonction de l'humeur du jour, et à l'illustrer, par exemple par un collage années 90 exhumé de mes archives personnelles.

Je ne suis pas le seul insomniaque ou matinal, puisque manifestement les locataires brésiliens de la semaine répètent déjà pour le carnaval  de Rio au dessus de ma tête (ou font-ils l'amour en marchant?)  avant sans doute un early flight à Roissy/ Charles de Gaulle.

Et je suis bien en Gaule en effet, car si tout va bien vont arriver les premiers livreurs de Rungis (qui eux finissent déjà leur journée) et leurs premiers coup de Klaxons stériles, puisque sans effet aucun sur la fluidité d'une journée en bas âge. Mais pour l'heure, tout est (presque) calme.

Et la lumière fût:

6h32': C'est d'ailleurs tout ce que j'apprécie à cette heure matinale. J'ai les idées claires comme ce ciel de juin, ou parfois un peu noires comme un matin de novembre, mais dans les deux cas, le moment est propice pour faire mon jogging intellectuel,  ma mise en jambes créative, en faisant courir mes doigts encore engourdis de sommeil sur le trackpad (traduction suggérée: pavé tactile) et sur le clavier non pas roulant mais lumineux.

L'inspiration jailli souvent de cette heure privilégiée, avant d'entamer ma vraie journée, ma vraie vie.
Sorte de méditation inversée, puisque mon esprit court à la vitesse de la lumière comme un gamin le ferait dans un champ sémantique, cet exercice rituel me permet de prendre de l'avance sur un monde où je serai parfois vite rattrapé par les soucis, les tracas, et autres pollutions quotidiennes de la vie citadine.

 C'est qu'à cette heure rien n'est concret en ce marais: Tout est possible et virtuel, et vierge et pur, à peut-être le camion des poubelles qui a commencé sa tournée dans le quartier.

Ô temps, suspends ton vol:

6h48': Ce n'est donc pas un hasard si pour couvrir le bruit des mouettes, des moteurs et des premiers mécontents, j'écris au sujet d'une musique qui adoucit les moeurs (et qui parfois échauffe les sens), j'écris mon humeur du jour ou de la veille , d'un prochain matin ou d'un jour lointain qui me tirerait d'un célibat forcé ou choisi, et en fait ça revient au même. Car si je ne me réveillais pas (le plus souvent) seul dans mon lit, je n'écrirais sans doute pas autant.

Ecrire, c'est reculer l'instant où tout s'est écroulé, chantait en substance Zazie en pleine zizanie,  juste avant de prendre le métro.
Et c'est en quelque sorte ce moment suspendu comme un jardin au dessus de la fange, que je cultive tous les jours ou peu s'en faut, en toutes saisons qui sont bien plus que quatre selon mes estimations:

- de Janvier à Février:  les amours frileuses.
-  de Mars à Avril: les amours téméraires (ou belliqueuses).
-  de Mai à Juin: les amours intrépides.
- de Juillet à Août: les amours dénudées.
- de Septembre à Octobre: les amours studieuses.
- de Novembre à Décembre: les amours enracinées (et parfois essentielles).

 Car si les pigeons roucoulent à présent (mais qui sait peut-être pas pour longtemps),  et que les moineaux donnent enfin de la voix par ma fenêtre ouverte, ces articles que j'écris inlassablement depuis plus de dix ans, sont eux aussi des fenêtres à ouvrir pour vous dire mon amour.

La faune et la flore:

7h 28': Mon amour de cette vie et de cette ville, de ces ritournelles et de ses rituels, de vous qui êtes présents  fidèlement, et aussi aux abonnés absents.
Des dynamiques de groupes et des solitudes parallèles, des relations qui s'envolent ou battent de l'aile, des oiseaux de nuit insomniaques et de la basse-cour bavarde au levé du jour.

Des roseaux, des flamants et des grues, des grenouilles, des drapeaux, des princesses et des rosiers.
Du vent et des rumeurs, de Ventôse, Pluviôse, Floréal, Thermidor ou Brumaire, des airs parfois révolutionnaires ou des nostalgies souvent constructives.

Paris est à présent éveillée, et le Bruxellois de naissance que je suis, en exil forcé ou choisi, aussi.
C'est nourri de ces animaux fantastiques et de ces plantes vertueuses que je suis prêt à affronter le monde, ou en tout cas, cette journée nouvelle.

Profitez-en comme moi, la seule certitude c'est qu'elle ne reviendra pas.
Mais elle fera place à une autre, où tout sera à nouveau possible.

And again, and again, and again...


Mon premier livre, Les Carnets du Flamand Rose,  est disponible online.

article  1500


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