Et puis tout à coup, entre deux bouchées à la framboise,
ça vous frappe en pleine poire...
C'est ce qu'il y a de bien avec les longs week-ends.
Un jour de plus.
On fait les lessives un jour plus tôt.
Le ménage un jour plus tôt.
On va au théâtre, au ciné, on sort avec des amis un jour plus tôt.
Ce qui vous laisse une journée entière.
Pour faire tout ce que vous n'avez pas le temps de faire.
C'est à dire rien de trop fatiguant...
L'une mettra à jour les albums photos de Noël (si, si certains développent encore des photos).
L'autre rangera le garage en se servant une bière bien fraîche et en versant une larme bien chaude sur ses trophées de hockey sur gazon.
Et la majorité ne fera rien.
On serait bien allé faire une ballade au parc, mais il y a eu une conférence téléphonique avec tous les autres, d'où ressortait clairement après un vote à main levée, un consensus sur la rotule molle.
Il (ou elle, ou moi) se contentera donc de regarder son Hitchcock préféré, en dégustant un délicieux gâteau avec une tasse de café bouillante.
Oui comme je vous disais, le rosé au soleil c'était avant hier, et la gueule de bois, hier.
Bye bye Aspirine, bonjour Arabica.
Ce n'est pas nostalgique comme un dimanche d'hiver, pas du tout.
C'est un dimanche après-midi de qualité, ou on a juste pas envie de mettre le nez dehors, si ce n'est pour espionner par la fenêtre sur cour, la voisine qui replante inexorablement à cette période de l'année des géraniums tous neufs dans la jardinière toute vieille de sa terrasse toute surchargée.
Ce qui est dingue, c'est que son fils et elle vivent encore ensemble, et ils se ressemblent tellement, qu'on finit par les confondre. Scary.
Et en plus ils donnent à manger aux oiseaux...
Bref, vous vous dites que c'est pas une vie d'attendre la mort, et que vous avez beaucoup de chance d'avoir une vie active, riche en événements, en soirées mémorables, entouré de la crème de la crème, de la fine fleur, et de pâtisserie fine.
Et puis tout à coup, entre deux bouchées à la framboise, ça vous frappe en pleine poire:
On est pas dimanche, mais samedi.
Vous avez loupé une étape, que vous identifiez très vite comme étant celle du ménage, puisque les aspirines vous vous en souvenez très bien.
Vous êtes sorti jeudi, hier gueule de bois, aujourd'hui pas dimanche.
Et là: panique.
Les oiseaux à la fenêtre poussent leurs croassements de reproches.
La hauteur du balcon vous donne le vertige.
Vous stressez parce que vous n'avez rien fait.
Vous pensez à tous ces hyper-actifs qui ont été faire du shopping, du jogging, du rafting, du vélo, des expos, des restos, vu parents, oncles et tantes, fait du parapente et repeint les plaintes.
Pris de sueurs froides, vous vous effondrez sur votre lit, incapable de réagir, en proie à des visions d'horreur, votre culpabilité vous paralyse, tandis que le chat, lui, continue tranquillement de jouer avec la souris.
Une heure plus tard, sortant de votre léthargie coupable, vous vous dites qu'il faut réagir, qu'il n'est jamais trop tard, et après avoir pris une douche angoissée, vous décidez de ressortir, quitte à faire le malheur d'Alfred.
Ce soir, ce sera plutôt "la Fièvre du Samedi Soir", et pourquoi pas "Staying Alive" en after, demain ce sera:
Aspirine 2, Aspirator 4, et ménage à trois (vous, vos cheveux et le chat).
Ce ne sera pas un dimanche parfait, mais après tout, ce n'est pas un crime...
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