Ouvrez l'oeil. Et le bon.
Avec les premiers beaux jours (ou presque), il est revenu le temps de se balader les dimanches matin dans les allées encombrées d'objets divers mais aussi de gens aux profils tout aussi divers, les premiers recherchés, scrutés, et dénichés par les seconds.
C'est dans le pire des cas un but idéal pour une promenade.
Au mieux : la découverte inespérée d'un trésor enfoui sous une tonne de... de m... de merveilles.
Et ce dimanche là il faisait plutôt chaud, je me suis donc décider à aller jeter un oeil.
Et un oeil de perdu, dix de retrouvés. Une des premiers échoppes nous propose de racheter des yeux en verre d'antan (?). C'est à la fois rafraîchissant et glaçant.
On finit par retrouver certains marchands connus aux sélections toujours pointues.
Et on passe au pas de course tous ceux qui ont cru que le bordel des uns ferait le bonheur des autres.
On ouvre les yeux mais aussi les oreilles :
- C'est combien Tony?
- 25 mais je le fais à 15.
Donc c'est 15 en fait. Tu fermes juste toute négo, Tony.
Dans les allées où ça marche au pas façon chassé croisé de vacances, on entend soudain des cris. Ça ralenti encore, façon accident su l'autoroute dans le sens inverse.
- Ne regardez pas ce qu'elle vend, c'est de la merde!
Crie la matrone sous l'oeil presque amusé de son Jules. La commerçante, elle rit beaucoup moins. Elle garde son calme en jetant un timide : C'est ça...
Mais la mégère ne l'entend pas de cette oreille et a décidé de lui jeter le mauvais oeil.
- Ne lui achetez rien, ne regardez pas, c'est de la camelote.
On passe son chemin pour soulager ses oreilles, en entendant les invectives decrescendo.
On a presque été distrait de son but premier : trouver la perle rare sous la tonne de cendriers coquilles Saint Jacques.
Un homme nu mal peint, des minéraux à gogo, un cadre jadis accroché chez ma grand-mère paternelle et qui vous met la larme à l'oeil, des chinoiseries qui demandent qu'on les chine, des jouets du vingtième siècle, des verres et des assiettes par tonnes, des vases et des pots, des chaises et des poufs, des lampes et des fringues comme s'il en pleuvaient.
Le mot qui me vient c'est "surplus". L'homme est un producteur de déchets. Fermons les yeux.
Il est donc bien temps de rentrer.
Et cette échoppe où vous repassez à nouveau vous fait stopper net. Le regard figé dans ces yeux de verre, vestiges cosmétiques, si troublant qu'on ose à peine les soutenir du regard justement.Médusé, littéralement.
Sorti de ma torpeur, je rentre chez moi bredouille, les mains vides.
Je n'en crois pas mes yeux...
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