Comme chaque année, Paris Plage investit les quais de Seine, pour divertir ceux qui ne sont pas partis, ceux qui ne partiront pas, et ceux qui sont de passage dans la ville la plus visitée au monde. Mais cette année, une attraction attire tous les regards et délie toutes les langues : on se baigne à nouveau dans la Seine...
Ipanemarais :
Dimanche dernier, il faisait très chaud et très beau à Paris. Je ne dis pas ça parce mes doigts écrivent cet article au rythme des gouttes qui claquent sur les toits de la capitale en ce dimanche matin.
Il fallait donc profiter de la fraîcheur relative qu'offrait le fleuve en cette veille de fête nationale.
Je n'ai jamais connu Paris sans sa plage estivale, même en temps de Covid. Et on y retrouve généralement tous les éléments d'un vrai littoral : transats, parasols, buvettes, glaces, mais sans coquillages et crustacés.
Même le sable, absent un temps a fait son grand retour cette année. Ses merguez en slip de bain, ses coureurs torse nu, et ses enfants qui s'émerveillent et s'égosillent à la moindre installation incluant des gouttes d'eau donnent aux berges des allures de station balnéaire de synthèse.
Il y a toujours un jogger, habillé en tenue de sportif, cheveux bouclés, lunettes d'aviateur, peau dorée, débardeur en mesh et short en tissu éponge qui semble tout droit sorti d'une photo jaunie de Venice Beach.
Il y a aussi l'employé qui vient manger son sandwich sur la pause midi, tombant les mocassins et les chaussettes noires, dévoilant ses pieds roses suintant façon jambon labeur.
Il y a aussi le kéké de la plage avec son collier de coquillages, qui vient bronzer tous les jours, exposant sa plastique pas fantastique dans le même short de bain rouge alertes aux mâles hiboux tous les jours (alerte aux poux de pubis aussi).
En fin il y a toutes ces mamans (et ces papas), célibataires ou divorcées, qui trimballent leurs progéniture d'une activité à une autre, décomptant les secondes avant le coucher de soleil en faisant nerveusement glisser du sable entre leurs doigts.
Et le look général de la déco cette année rend hommage au Brésil, les Havaianas sont donc bienvenues . On évitera toutefois les strings. Obrigado.
Baignade inédite :
Et puis évidemment, il y a la star de cette année : la baignade dans le fleuve, qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive.
Depuis les J.O. de l'an dernier, il est possible à nouveau de se baigner dans la Seine, notamment près du bras Marie, et ça a dû justement coûter un bras à la mairie.
Se baigner c'est gratuit pour les parisiens mais rendre l'eau "baignable" si j'ose dire ce n'est pas gratuit pour les contribuables. Mais bon, que ne ferait-on pas pour l'amour du sport.
Ils sont donc parfois très nombreux à faire la queue pour faire trempette dans la zone dédiée, et à des horaires précis (les bateaux mouches sont déviés à ces heures pour éviter un carnage).
ils se mettent en tenue où et comment ils peuvent sur le joli pontant sur pilotis, s'arment de leur bouée obligatoire (la même que Baywatch, mais en jaune) et enchaînent les brasses dans la joie et la bonne humeur, sous les yeux du staff imposant et vigilant.
Bon, les voir tourner ainsi sur quinze mètre de longueur avec leur bouée jaune donne un léger effet "pêche aux canards" à l'histoire.
Ils n'ont rien à gagner pourtant (à par des maladies diront les mauvaises langues), mais toutes et tous ont l'air absolument ravi.es, et c'est le principal. Ils ne boudent pas leur plaisir, on ne va pas ici le leur gâcher. Le drapeau vert annonce que la baignade est possible (des tests quotidiens vérifient la qualité de l'eau). Un nageur vert fluo renverrait un tout autre signal.
Comme sur toutes les plages il y a aussi les observateurs, qui ici s'amusent, s'étonnent, et s'interrogent d'avantage qu'ils ne viennent pour simplement mater.
Et pour ceux qui n'aiment pas nager, qui ne savent pas nager ou qui on peur de croiser un silure, des déchets radioactifs ou tout autre objet non identifié, il leur reste les péniches guinguettes, le beach volley devant l'hôtel de ville, les concerts improvisés, une visite virtuelle de Paris au passé, des jeux d'échec géants, et mille et une choses à faire cet été sur les berges de Seine.
Profitez bien de l'été, où que vous soyez.
PS : Au temps pour moi, aujourd'hui le short de bain était bleu. Ouf.