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2018-02-03

A mon avis: Saint Laurent, le "petit" miracle de Laurent Goumarre.


Parking plein sud, beautés cachées, et sexe à paillettes.


Je sais d’où je viens, de quel milieu, qui me fait adorer le bonheur middle class de Jeff Koons, haïr le pittoresque de Martin Parr , déclare Laurent Goumarre en introduction à sa première expo personnelle à la Galerie Alain Guthrac.

Saint Laurent s'interroge devant des cartes postales de flamants roses de merde, comme il dit...


Marcher sur l'eau:

Postulat ou posture? Toujours est-il que Laurent est en poste à Biarritz et à Palavas, se méfiant de l'esthétique moche ou trop facile, des bides qui pendent sur des contrefaçons Vuitton (même si ce ne sont après tout que des sacs plastiques, et que Jeff Koons en a produit lui-même d'une laideur et d'une vulgarité jusqu'ici inégalées).

Mais s'il y a une chose que je connais de Laurent Goumarre, pour avoir travaillé avec lui à France Inter, ou plutôt trois:
C'est qu'en effet il a des opinions très tranchées.
Qu'il ne méprise aucune culture, fût-elle pop, voire porno.
Qu'il pratique parfois le premier degré pour cacher délibérément tous les autres, façon mille (bonnes) feuilles.
C'est ce qu'on pourrait appeler de la pudeur.

S'élever de la moquette:

Et dès l'entrée, c'est ce qu'on ressent:
Il a beau détourner notre regard par des moquettes kitsch, la beauté et la sexualité contenues, suent et suintent instantanément des murs blancs.

Ce parking/plage qui me rappelle aussitôt - pardonnez-moi, Saint Laurent- la pièce Bella Figura de Yasmina Reza, où la beauté d'Emmanuelle Devos transpirait en plein milieu de la laideur du monde.
L'homo ma non tropo érotisme se dégageant de ces fragments d'homme vert comme des fleurs fraîchement coupées.
Et disséminées un peu partout, ces tests de Rorschah version glamour à deux balles, dont les paillettes cachent mal les petites misères et les grandes solitudes d'une époque où la beauté est devenue fond de commerce et où l'esthétique est mercantile (vous avez dit Jeff Koons?) .
Où les stars du porno ont des états d'âmes, où même le sourire d'Apollon est tatoué, et où les drapeaux américains de sont plus déformés par le vent du littoral, mais par les parties génitales qu'ils couvrent mal.

Ressusciter le beau:

Alors disons-le franchement, oui, Cher Saint Laurent, que tu le veuilles ou non, que tu le taises ou le proclames:
En vérité, il se dégage de ces photos une réelle beauté crue, qui allie chaleur dérangeante et douce fraicheur, qui se déguste avec le plaisir d'un eskimo au bar de la plage, dont on essuie presque honteusement les stigmates aux commissures des lèvres.

En cela, le travail de Laurent Goumarre tient de l'exploit et produit un "petit" miracle:
Saint Laurent photographie tout le paradoxe de l'ère du burnout, dont les névroses se cachent sous les papillons de paillettes, mais dont la beauté, la vraie, s'exprimera au delà du bien et du mal, pour les siècles des siècles...

Je déteste toujours Jeff Koons  pour ses sacoches pop art, et un peu moins pour ses caniches roses, j'aime toujours Martin Parr et ses moches qui ont du ventre, et ses strings à grosses miches , et j'adore désormais Laurent Goumarre et ses fétiches floraux, ses merveilles en cache, et ses cartes postales de jolis polatouches roses (1).


Jusqu'au 24 Février 18, Galerie Alain Guthrac.
7, rue Saint Claude 75003, Paris.

(1) écureuils volants.


Lire les autres articles du label à mon avis.

Mon premier livre, Les Carnets du Flamand Rose,  est disponible online.


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