C'est une tradition.
C'est à cette époque de l'année que les récompenses pleuvent.
Césars, Victoires, Globes, Oscars, Molières...
C'est une véritable "Golden shower", si vous me passez l'expression.
Besoin presque animal de "l'industrie du spectacle" de se congratuler les uns les autres.
Besoin d'être reconnus par ses pairs et ses paires.
Mais aussi des fans: "la plus grande récompense c'est celle du public".
Bin tiens.
D'ailleurs ce sont rarement les succès publics qui sont les plus récompensés.
Il faut de la reconnaissance pour tout le monde.
Ce n'est ni bien ni mal.
Ni juste ni injuste.
C'est en fait un jeu dont personne n'est dupe.
Et puis, une récompense il n'y a pas a dire: ça fait toujours plaisir.
Et ça fait marcher le commerce.
Et parfois on s'amuse en plus.
Dans cette parade amoureuse, les codes sont stricts:
On met ses habits du dimanche (qu'on rendra le lendemain si tout va bien au bureau de presse).
On va passer quelques jours à St Barth avant pour avoir bonne mine.
On a pas le même look que dans le film (ou série ou album) pour lequel on est nominé, preuve qu'on a pas arrêté de bosser depuis.
On y va avec quelqu'un qui est "on the way up", sinon on aura pas de photos dans le journal.
On ne boit pas trop de champagne avant mais un peu quand même histoire de ne pas se déshydrater dans une salle surchauffée et d'être suffisamment joyeux pour afficher un sourire éclatant durant les trois heures et 566743456 minutes de direct.
On reste TOUJOURS vigilant, car on ne sait jamais quand et d'où on est filmé.
Bien sûr une hygiène corporelle irréprochable est impérative:
Mains, dents, oreilles (si, si), shampoing antipelliculaire etc...
On ne prend pas son portable.
On n'applaudit pas trop fort au début: attention aux crampes, c'est un marathon, pas un sprint.
On révise les bios de tous les nommés, remettants, présidents, maîtres de cérémonie...
Il y a toujours un quizz au dîner qui suit.
Si vous devez satisfaire un besoin naturel ou si avec le régime "express trois jours" qui vous a légèrement affaibli, vous ne tenez pas le coup, il n'y a qu'un seul moyen:
lancer une standing ovation qui vous permettra de quitter discrètement la salle.
Attention: choisissez un lauréat "crédible", pas le gagnant de "la meilleure prise de son dans une scène de repas monastique".
Pour revenir, un petit "happening" façon revendication s'impose.
Si vous ne savez pas pour quel motif, interpellez le ministre de la culture, il est là uniquement pour se faire tailler des costards.
Et tout le monde vous soutiendra sauf son voisin de droite.
Voilà donc quelques conseils pour que tout se passe bien, et si vous êtes devant votre télé, n'hésitez pas à sortir votre robe "naphtaline" ou votre costume "mariage d'hiver et enterrement d'été".
Des petits fours décongelés et une bouteille de méthode champenoise.
Une grille de loto usagée pour les pronostics et les points.
N'hésitez pas non plus à vous filmer avec une webcam et à retransmettre le tout en direct sur le net.
Il y a forcément un connard qui n'a rien de mieux à foutre que de vous mater en train de mater la cérémonie.
Et pensez à Léo, qui une fois de plus, devra se contenter de la reconnaissance du public...
