Christophe-Marie est un type très raffiné.
Il a une culture incroyable.
On l'écouterait parler pendant des heures.
Et même si on a pas envie, d'ailleurs.
Christophe-Marie connaît tout sur tout, a tout vu, tout entendu, tout compris.
Pour lui, mais aussi et surtout pour les autres.
Il connaît TOUT.
Et n'aime RIEN.
Du resto gastronomique au petit marché typique, de la fondation Maeght à la boîte en plein air "la Siesta", rien n'est au goût de Monsieur.
Petit Christophe-Marie illustré:
TROP:
"Trop cuit, trop salé, trop loin, trop chaud, trop plouc, trop sec"
"Trop de chlore, trop de sable, trop de graisse, trop de gens"
Variante:
PAS ASSEZ:
"Pas assez de soleil, pas assez de vent, pas assez de mecs, pas assez de légumes, pas assez de glaçons, pas assez de trop"
C'en est TROP, j'en ai ASSEZ! s'est écriée Marie-Bernadette en pleine nuit, se dressant sur son lit, raide comme une courgette, après un cauchemar de "fraises trop rouges" et de "melon trop sucré".
Tout le monde est réveillé. Tout le monde s'est réveillé sauf Christophe-Marie qui dort avec deux boules quies dans les oreilles et deux Phénobarbital dans les narines. Trop d'avions.
Cinq, c'est amplement suffisant pour transporter un lit pliant , en pleine nuit, sans réveiller son occupant, jusqu'au petit port de pêche, "trop petit", et d'embarquer la couche sur le premier cargo de cavaillons en partance pour....le Danemark, tiens.
Il ne fera pas trop chaud.
Croyez-moi. ça ne coûte pas cher en pourboires. A cinq, comptez 100 euros par personne.
Au moins quand Christophe-Marie, se réveillera, il pourra manger des melons pas trop murs, avec pas trop de gens dans une cale pas trop sèche.
Avec , pour le coup, assez de mecs, à savoir des marins qui au bout de deux semaines, ne le trouveront ni trop plouc, ni trop gras.
Je me suis redressé, raide comme un céleri sur mon lit. Tout le monde dort à poings fermés. Même Christophe-Marie, qui dort avec un sourire de bébé.
Pour une fois depuis quinze jours, il semble satisfait.
Demain, il va nous faire chier, c'est sûr.
Que voulez-vous.
Trop bon, trop con.
