Le jour d'après.
C'est chaque fois pareil.
Dès qu'un flocon pointe le bout de ses cristaux, tout le monde feint la surprise.
Rappel des faits: nous sommes dans l'hémisphère nord, en janvier, dans une saison communément appelée hiver.
Pourtant, c'est bien simple à chaque fois, ça le fait, avec son lot de photos blanc et blanc, et son avalanche d'éléments de langage...
La raison de cette excitation est simple.
Quand il neige on a (presque) tous cinq ans.
Au delà du phénomène météorologique lui même, qui est quand même plus esthétique qu'une giboulée de mars, c'est une averse de madeleines de Proust qui se pose sur nos cagoules d'enfants.
Une magie qui se mêle à des phénomènes plutôt concrets.
La bataille est générale.
Les bonshommes sortent de neige.
Les bruits sont feutrés.
La lumière jaillit du sol alors qu'il fait nuit depuis des lunes.
Les voitures roulent au pas.
Le paysage (urbain ou rural) s'uniformise dans une harmonie de grande surface.
Mais ça, c'est pour les heureux.
Pour les autres s'abat une tornade de maux et de mots aussi noirs que les innocents sont blancs comme neige.
Sablage, saleuses, congères, verglas, alerte, intempéries, perturbations, tarmach, gel, dégel, déneigement, retard, annulation, accident, réduire, limiter, déblayer, frigide, barjot, givrée, dégivrage, nettoyer, trafic, privilégier, précautions, prudence.
Une catastrophe donc, un peu comme le film "The Day After" programmé (justement) ce soir sur TF1, et qui rappellera à tout le monde les vertus de la famille et l'utilité d'un père, surtout météorologue et absent.
Bref, pour ceux là, il n'est de vertu que la patience, puisqu'une nouvelle fois à la surprise générale, cet "épisode neigeux", par définition, ne durera pas...
