Tout se perd, moi je vous le dis...
Les vacances sont finies pour la Famille Colin et c'est tant mieux.
Si vous en doutez encore, relisez leurs précédentes mésaventures.
Avec toujours Jean-Marie et Marie-Jeanne, parents malgré eux, Jean-Kevin (19) j'adore Dior, Jean-Jordan (13) l'herbe est toujours plus verte, Marie-Océane (10) Nouvelle Star, et l'inénarrable Marie- Megan (6) Yes we can.
En ce jour de rentrée il n'y a pas que les élèves qui se perdent.
Il y a aussi les claques...
Tout à commencé à H- 45' de la rentrée en primaires de Marie-Megan.
Problème, car la "petite" a déjà joué aux primaires démocrates pendant tout l'été.
La forte tête de la fratrie a de plus une fâcheuse tendance à savoir déjà presque lire et écrire.
Et elle prévenu: c'est souvent l'élève qui choisit son maître, selon elle.
Maman a pris une aspirine avec son café.
Tout a été une fois de plus trop vite pour elle, et c'est un déchirement de voir son bébé entrer à l'école.
Du coup elle chiale comme un nouveau nez qui coule, alors que Papa sonne le clairon du départ.
- Tu es sûre que ça va aller? Je devrais peut-être venir quand même? a-t-elle dit en serrant son trésor.
- Tu sais bien que ça va mal se terminer Maman, répond Marie Meg, en restant de marbre froid.
Sois raisonnable. Tu viendras me conduire tous les autres jours, mais pas aujourd'hui.
- Lâche-là Chérie, a dit Papa, furieux de devoir, même une fois par an, se taper le "largage de moutards", selon ses propres termes.
- Mais c'est mon enfant, j'ai le droooooiiit quand même! a hurlé maman en secouant sa fille comme un prunier en tenue du dimanche.
Et hop, Marie-Megan décoche un plat de main à sa môman en lui criant aussi soudainement:
Reprends-toi Marie-Jeanne! (elle imite très bien la voix de son père).
Maman est restée pétrifiée.
Papa file une fessée à Marie-Megan, l'attrape au vol, et l'embraque alors que Marie-Jeanne s'est calmée instantanément.
- T'as intérêt à te tenir à carreaux maintenant, ma petite, tu vas filer droit, moi je te le dis.
L'école, au moins ça va t'apprendre le respect, l'ordre et la discipline!
Tout le monde a pris place dans la voiture (sauf Marie-Jeanne, punie derrière son rideau), Jean-Kev est ravi d'être devant, ça tombe bien il a un très très gros it bag, dans lequel il a notamment sa paire de mocassins Louboutin cloutés (achetés en secret avec sa grand-mère).
Si l'aîné est encore au lycée, c'est qu'il a eu des "problèmes personnels" il y a deux ans, mais depuis son coming out, tout va mieux (pour lui en tout cas).
Et il est bien décidé à réussir brillamment son année, histoire de partir en Erasmus à Barcelone, comme Romain Duris, qu'il vénère.
Mais où est votre frère? Qu'est ce qu'il fout nom de dieu, je vais être en retard au boulot!
Soudain un gémissement parvient de l'arrière.
Jean-Jordan a préféré dormir dans le coffre pendant sa (trop) courte nuit.
Par contre on est moins sûr qu'il se soit brossé les dents.
On est même à peu près sûrs du contraire.
Marie-Océane, c'est une bonne nouvelle, ne se fera pas écraser ce matin.
Elle est habillé en fluo des pieds à la tête, histoire de marquer son public dès le premier jour.
Elle a notamment en tête d'inscrire le karaoké comme discipline sportive dans la boîte à suggestions de son professeur.
Et s'il n'en a pas, sa première suggestion sera d'en créer une.
Oui, ça peut paraître banal comme histoire, mais pour Marie-Océane, tenir un raisonnement logique est une véritable prouesse, comme pour Britney de finir une choré.
Attachez vos ceintures, on est à la bourre avec toutes vos conneries...
C'est ça qui est cool quand il n'y a pas Maman, Jean-Marie se lâche sur les gros mots.
-Tu peux me tutoyer a dit Marie-Meg entre ses dents.
Elle est en effet très fière d'avoir recadré sa mère.
Pour sa nouvelle maîtresse, c'est une toute belle journée qui s'annonce.
On largue vite fait Jean-Kev et Jean-Jordan devant le métro.
Un scooter a faillit y passer (dans le métro), vu le coup de frein/montée de trottoir sans cligno de Papa.
Si l' aîné a un bagage rempli, le cadet voyage léger.
Son Eastpack pend tristement sur son dos.
Son baggy pend tristement sous ses fesses.
Et à la lumière du jour, on s'aperçoit qu'on peut aussi mélanger ses All Stars.
Pas moyen de se garer devant l'école, Papa décide donc d'inaugurer la place handicapés fraîchement repeinte.
Pendant ce temps, les deux garçons font leur entrée au lycée.
Pour Jean-Jo, c'est l'heure du premier Redbull entre copains.
Pour Jean-Kev, c'est l'heure des comparaisons de hâle, et du défilé de rentrée entre Favis.
Pour rappel, dans la grammaire "De profil", les Favis sont les victimes de la fashion pas ceux qui font la mode, mais ceux qui la défont).
Révisez en cliquant ici.
Après quoi, il n'y a plus qu'à googler les nouveaux.
Cette année est un bon cru.
Retour à l'enseignement élémentaire:
Vous ne voulez pas rester un peu, Monsieur? a dit gentiment Madame Laurence en accueillant Marie-Megan dans son rang.
Non non, je vous laisse faire connaissance, vous allez voir, ça va bien se passer, a dit Papa en filant comme un voleur.
Marie-O', à ce soir! a-t-il lancé à sa fille, déjà happée par ses fans, semble-t-il, puisque ces garçons lui arrachent ses vêtements... et ses cheveux.
Par contre, une bien mauvaise surprise l'attend à la sortie.
Son hybride vient d'être verbalisée et porte de jolis sabots jaunes.
- Non, non, noooooooon! Pas aujourd'hui!
Là, il a envie de frapper la contractuelle.
- Vous ne vous rendez pas compte, on essaye que tout se passe bien aujourd'hui, on fait tout pour maîtriser la situation, et vous, il faut que vous veniez mettre votre grain de sel! Vous savez ce que c'est que d'avoir quatre enfants? D'avoir le coeur déchiré quand votre gamine de six ans vous tend les bras en hurlant pour ne pas que vous la laissiez?
- Je sais surtout que c'est elle qui m'a prévenue.
La giffle morale est partie.
La droiture de sa cadette l’a frappé en pleine face.
Tout son système d’éducation (c’est la première fois que
cette pensée lui vient en tête) s’éfrite, tandis que machinalement, il met la
main sur sa joue gauche.
- Si les enfants dénoncent leurs parents, où va-t-on?
- Tout se perd, moi je vous le dit... lui
réplique la pervenche, tandis qu’un papillon vole sur le pare brise.
