Féminisme (collage perso années 90)
Madame, Mademoiselle,
Je t'écris cette petite lettre car depuis quelque temps, une certaine inquiétude me saisit.
Je vois, j'entends, je lis de ça de là, des femmes dire "le féminisme ne sert à rien".
Et parfois même " je suis contre le féminisme".
Et comment te dire, je suis à la fois tout à fait d'accord et absolument révolté par ces propos.
Pour moi, le féminisme, c'est comme la parité ou la journée de la femme.
En vrai, on ne devrait même pas avoir à en discuter.
Mais on ne vit pas dans le monde réel, tout le monde sait ça...
Du coup, dire pour une femme qu'elle est contre le féminisme, pour moi, c'est un peu comme dire je suis contre l'humanisme, contre la démocratie, contre le poulet frites.
Et surtout, c'est avoir la mémoire très courte et la vision un peu rétrécie au lavage à basse température.
Surtout qu'il est déjà réducteur de parler du féminisme au singulier.
Et donc sans nuances.
Au lieu de dire sans cesse les féministes, on devrait plutôt parler des féminismeS.
Je n'ai pas fait d'études poussées sur le sujet, je m'en tiendrai comme d'habitude à ma philosophie pour les nuls, de comptoir, à 5 francs, et avec Joëlle Mazart/ Pause Café.
Mais si tu as des enfants, des filles, ou si tu comptes en avoir un jour, il serait prudent d'être vigilante et attentive à quelques fondamentaux à mon sens, à savoir de t'assurer que:
- Elle aura le droit d'aller à l'école.
- Elle aura le droit de voter.
- Elle pourra décider de sa sexualité et de ses conséquences dans sa vie de femme.
Parce que, crois-le ou non , Mistinguette, ça n'a pas toujours été le cas, pourtant toi tu as eu la chance de l'apprendre au cours d'histoire, d'en discuter au bureau de vote, et de papoter à ce sujet avec ta pharmacienne.
Et ce n'était pas il y a mille ans, dans une société archaïque où on traînait la femme par les cheveux, autrement appelé lissage néhanderthalien.
Quoique.
Il t'en a fallu des siècles, des révolutions pour enfin tomber le corset, porter la culotte et t'épiler la moustache.
Ce serait dommage de faire le chemin inverse en moins de temps qu'il ne faut pour dire amen à tout.
Autre cliché qui circule dans tous les réseaux sociétaux:
Le féminisme détruirait la place de l'homme.
Pourtant, rien n'a la dent plus dure dans notre société que le port de la cravate.
Et finalement, tu es restée bien à ta place, tu as juste pris des fonctions supplémentaires, tu cumules les casquettes, plus que de lui voler la sienne.
Et si il fait le ménage, si il s'occupe des enfants, ou si il repasse ses chemises, c'est souvent parce que tout simplement ça lui paraît naturel, et que de toutes façons tu l'énervais avec tes faux plis.
Ne confondons donc pas féminisme et mimétisme.
L'homme n'a perdu ni son identité, ni sa virilité, il a juste évolué.
Jamais on ne pourra changer l'ordre des choses diront certains (et le chaos, on peut?), mais on pourra toujours le questionner, l'améliorer, laisser le choix libre, et choisir la liberté.
Evitons si possible que tu ne (re)deviennes ta pire ennemie.
Voilà Madame, Mademoiselle, ce que je voulais t'écrire avec toute la maladresse d'un homme qui aime la femme.
Un peu l'impression de défoncer des portes ouvertes, mais c'est juste pour te dire mon inquiétude qu'un jour elles ne se referment devant toi.
Ou pire qu'on ne te claque la porte au nez.
Bien à toi,
Stéphane,
Féministe ou peu s'en faut.
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