attaché de presse et responsable de la communication:
Après le succès de notre Spécial Confinement il apparaissait évident de faire un point sur la situation depuis le 11 mai dernier. Stéphane répond donc à vos questions avec la
On commence avec un chat live et en différé avec Mireille de Confins, au Brésil.
Distanciation sociale volontaire.
- Bonjour Mireille. Tudo bom?
- Bonjour Stéphane. Pas vraiment non.
- J'imagine que vous voulez parler du confinement? Ou du déconfinement?
- Alors là mais détrompez-vous mais pas dut tout! Je veux bien parler de tout SAUF de ça. Je n'en PEUX PLUS du confinement et du déconfinement.
- Très bien... pas de souci je comprends... Alors, laissez-moi vous proposer un petit jeu: ça s'appelle Ni oui ni non ni confinement ni déconfinement...
- Parfait! On commence tout de suite?
- Tout à fait...
- Alors vous voyez depuis le dé... enfin depuis qu'on est... plus...assignés chez soi vous voyez?
- Absolument.
- Eh bien, je crois que je préférais quand on étaient en...enfin...chacun chez soi quoi.
- Développez, voulez-vous?
- Euh.. pourquoi pas. Avant pendant le..la pas la trentaine ni la cinquantaine mais entre les deux, vous voyez ce que je veux dire?
- Je vois.
- J'avais le temps pour tout, j'avais tout le temps devant moi. J'ai ouvert des bouquins que j'avais achetés il y a treize ans, j'ai recherché des recettes de cuisines sur le net pour préparer des bons petits plats, j'ai aménagé mon appartement qui ressemblait à une consigne d'objets trouvés, bref... j'étais bien. Aujourd'hui je me retrouve dans des rames de métros masquées avec des autocollants au sol qui ressemble à un Twister monochrome, tout le monde se regarde en docteur chien de faïence, pour savoir qui l'a qui l'a pas qui te le refilera, c'est comme un jeu , mais un jeu de dupes puisqu'on sent que personne ne l'a en fait. C'est clair ce que je dis?
- Absolument. vous faites une mini dépression suite au.. à votre enfermement que vous avez vécu comme un cocon maternel. Vous avez du mal à reprendre une vie normale parce que rien n'est plus normal en ce moment. Vous aspirez à retrouver la sécurité d'une vie réglée mais pas trop, qui vous laisse un maximum de liberté dans un cadre défini. en quelque sorte l'inverse de votre vie quotidienne où vous avez l'impression de n'avoir aucune liberté dans un cadre complètement flou.
- Voilà.. ou...aaah, c'est tout à fait ça.
- Vous avez besoin d'être rassuré et le monde ne l'est pas. Rassurant.
- Tout à fait. Vous avez un conseil à me donner?
- Non.
- Ah, perdu!
- Oui, et vous aussi vous êtes perdue...
François-Alban: Après cet échange à la fois ludique et
Chapeau Abba:
Succès planétaire.
Stéphane: Si on peut toujours saluer le talent du groupe du siècle dernier (Abba est aux jeunes d'aujourd'hui ce qu'était les Frères Jacques à l"époque), on se demande si les quatre suédois ont un jour porté autre chose que le casque capillaire. Il semblerait bien que oui, puisque la couverture du 45 tours (que j'ai acheté à l'époque grâce à la généreuse contribution de ma grand-mère/ Poupette/ fan de Abba) de Dancing Queen, représente les deux couples échangistes musicaux avec un couvre chef style panama.
Abba c'est quand même un des seuls groupes au monde dont certains albums étaient déjà un best-of en soi. Et dont les faces B étaient parfois aussi des tubes. Je n'ai pas le temps d'expliquer ici aux jeunes générations le principe de la face A et B. Demandez à votre ami DJ, lui il sait. Surtout que chez ABBA il y en a deux de chaque. Bref...
Dancing Queen raconte l'histoire d'une mineure qui sort en boîte le vendredi soir pour danser et draguer. On se se demande si, aujourd'hui, la sortie de ce titre ne leur vaudrait pas une levée de bouclier des associations de malfaiteurs bien pensants. Les temps changent...
En tout cas chapeau bas, ABBA.
François-Alban: Voici à présent le témoignage anonyme de Maurice, de Lille (c'est amusant, sortez!).
Télétravail involontaire.
Cher Stéphane,
Voici maintenant 3 mois que je suis en télétravail.
Et comment vous dire: j'en ai ras le mug.
Imaginez-vous au boulot avec votre femme qui vous interrompt toutes les cinq secondes:
- Tu bosses sur quoi?
- Tu veux manger quoi ce midi?
- Mets tes lunettes, tu t'abîmes les yeux!
- À table (mais je suis à table puisque je n'ai pas de bureau, il a été transformé en salle de jeux pour les moutards déscolarisés).
- Tu veux bien mettre la table?
Avant, quand j'étais devant mon ordi dans mon bureau, je lui répondais: Je bosse!
Mais maintenant, le pire c'est que c'est vrai!
Fini d'errer des heures sur la toile, adieu les sites cochons, je bosse comme un âne 16 heures par jour, et si j'ai le malheur de vouloir sortir me balader je me prends un:
-Tu peux en profiter pour passer au Monoprix, j'ai oublié d'acheter de la levure pour mon gâteau.
Et bien sûr, ce n'est jamais la bonne levure, et ça monte tout de suite dans la tour de Lille:
- On ne peut quand-même jamais rien te demander!
J'ai déjà appelé mille fois mon patron:
- Vous êtes vraiment tout à fait certain que c'est totalement inutile que je passe au bureau? Même une petite heure?
Maintenant il me prend pour un lèche-bottes et quand je l'appelle, je tombe directement sur sa messagerie.
La machine à café me manque (Tu bois trop de café!) et même les blagues phallocrates de mes collègues (Tu ne vas jamais croire qui j'ai croisé en revenant de mon épilation). J'ai les poils qui se dressent. J'ai des sueurs froides et des envies hitchcockiennes.
Pouvez-vous faire quelque chose pour avancer le retour au travail, car entre ça et les vacances avec masque, je sens que l'un des membres de ma famille ne passera pas l'été.
Cher Maurice,
Tout d'abord, permettez-moi de vous dire que votre cas est un peu exceptionnel.
Aujourd'hui dans la plupart des ménages, les deux parents bossent, les enfants font des gâteaux, et les papas connaissent le rayon Alsa par coeur.
Ne pourriez vous pas suggérer à votre charmante épouse une activité de volontariat?
Pour ce qui est de vos plaisirs solitaires, pardon mais les toilettes et les smartphones ne sont pas faits pour les chiens.
En plus, comme vous buvez manifestement trop de café, vous avez le prétexte idéal pour vous éclipser.
Enfin, s'agissant de vos collègues et de leurs blagues salaces et/ou misogynes, rappelez-vous du jour où l'un d'entre aux vous a annoncé qu'il était cocu, et que tout le monde a éclaté de rire.
Je ne sais d'ailleurs pas à quelle fréquence votre chérie pratique l'épilation, mais si c'est deux fois par semaine, c'est louche.
Mais avant de passer au meurtre, je vous conseille quand même de revoir Le crime était presque parfait de ce bon vieux Alfred. Un divorce vous coutera moins cher, et surtout vous évitera le télétravail en prison.
Après ce récit
Le facteur film:
Stéphane: Ah, voilà un sujet intéressant, qui d'ailleurs a déjà été évoqué sur de Profil.
Facteur comique.
La représentation cinématographique des fonctionnaires des PTT (Postes, Télégrammes, Téléphones et RTT) a connu des hauts et des bas de l'affiche. Trois exemples concrets:
Jour de Fête, de Jacques Tati (1949) met en scène un facteur décidé à prouver qu'il est aussi performant que ses collègues outre-atlantique. Avec un cri de guerre: Hélicoptère! Une vision à la fois drôle et positive de la poste. Et c'est pas tous les jours fête, reconnaissons-le.
Le facteur sonne toujours deux fois, dont plusieurs versions furent tournées, dont celle de 1946 avec Lana Turner et John Garfield, et celle de 1981 avec Jessica Lange et Jack Nicholson, raconte les mésaventures de deux amants maudits. Par contre pas l'ombre d'un employé de la poste dans ce film, le titre original The postman always ring twice du roman de James M. Cain ayant été choisi un peu sans raison, presque par hasard, à la dernière minute. Un jour de grève?
The Postman enfin, de Kevin Costner (1997), qui a déjà fait l'objet d'un article Film classé sans suite. La poste peut-elle sauver le monde? En tout cas dans cas précis, le facteur n'a sonné qu'une fois, tellement le film est un bide et culte à la fois. Il faut dire que cette année là, il est entré en collision avec un certain paquebot nommé Titanic.
François- Alban: Et après cette minute cinéma
Des coiffeurs au poil.
Cher Stéphane,
Nous sommes Maurice et Mireille, propriétaires du salon de coiffure M&M's qui se situe 54 ter, avenue du Maréchal Fernand à Troufion-sur-Goulotte, dans le Cantal. Et nous voulons partager avec vous notre joie du déconfinement.
Quel plaisir de retrouver notre fidèle clientèle dans notre salon spacieux et confortable que nous avons entièrement repeint pendant la quarantaine.
Notre équipe dynamique -Mireille à l'accueil et au shampoing, Maurice à la coupe- est tellement ravie de vous accueillir 7 jours sur 7 sans rendez-vous de 8h à 20h DEPUIS LE 11MAI DERNIER pour ceux qui n'auraient pas vu l'affiche sur notre vitrine.
C'est une vraie joie pour nous que vous ne nous ayez pas lâché pour aller en face, car justement nous faisons une promotion spéciale déconfinement: Pour tout mèche à mèche, la coupe et le brushing sont offerts!
Bien entendu les mesures d'hygiènes sont renforcées (contrairement à la concurrence) et les distances respectées sans aucun problème (vous ne croiserez personne).
Enfin tous les soirs de weekend, pour toute coupe homme ou femme, nous vous offrons une autre coupe mais cette fois de méthode champenoise. Ce serait VRAIMENT DOMMAGE de ne pas en profiter, alors nous vous attendons pour fêter ensemble ce déconfinement dans la joie et l'allégresse (Mireille a un joli brin de voix et les chorégraphies de Maurice sont légendaires) au 54 ter, avenue du Maréchal Fernand à Troufion-sur-Goulotte (juste en face de Cindy Coiffeuse Visagiste).
M&M's coiffure, c'est Maîtrise et Magie, Mode et Modéré, Mouvement et Magnifique!
Stéphane: Chers Mireille et Maurice,
Comment vous dire... Votre célébration du déconfinement ressemble étrangement à de la publicité très mal masquée.
Une rapide enquête à Troufion-sur-Goulotte nous en a facilement expliqué les raisons:
En effet, sur 256 habitants (si on enlève Cindy la coiffeuse d'en face, son mari, et ses quatre enfants plus vous deux), il y a 250 clients potentiels au village dont 249 vont à votre concurrente (le curé est chauve et se rase tout seul).
Pour ce qui est de votre salon, si il a bien été repeint, il semble que tout le reste date des années 80 et notamment le matériel: ciseaux rouillés, tondeuses sanguinaires, serviettes élimées et sèche-cheveux qui fait aussi barbecue.
Les coupes elles-aussi sont restées bloquées au vingtième siècle, si on en juge par les photos jaunies et par votre look de Patrick Duffy et Victoria Principal (vous êtes manifestement des fans traumatisés par la série Dallas)
Concernant l'hygiène, il est évident qu'elle a été renforcée puisque vous partez de zéro.
Mais tout ça ne serait rien - enfin disons perfectible- si il n'y avait la mémoire rurale.
Votre salon a en effet connu son heure de gloire, mais dans un village, on va chez le coiffeur un peu comme on va à confesse. Malheureusement, vous n'avez pas dû prêter serment et n'étiez donc pas soumis au secret professionnel.
Pendant plus de dix ans, vous avez distillé, propagé, déformé, et amplifié tant les fausses rumeurs que les vrais secrets. En semant la zizanie dans tout le village vous n'avez récolté que ce que vous méritez: un désert.
Vous êtes aussi aimables que des cheveux secs et cassants, et vos sourires de façade s'effritent très vite pour faire place à un discours aviné qui a tourné au vinaigre, comme vos produits d'ailleurs.
Cindy était votre apprentie et vous l'avez virée sans sommation, parce qu'elle attendant un heureux événement. Tant mieux pour elle, car chez vous, cette princesse du ciseau était traitée comme souillon.
Elle a ouvert juste en face, non pas pour vous faire une concurrence déloyale, mais parce qu'elle a hérité du local au décès accidentel de ses parents épiciers. Depuis, son salon ne désemplit pas de brushing et de mises en pli. Un vrai conte de fées pour elle. Un vrai cauchemar pour vous, j'en conviens.
Voici donc mon petit conseil: buvez vos caisses de méthodes champenoises et exilez vous en Champagne, en Ardenne, ou ailleurs, car votre carrière dans la coiffure dans le Cantal est aussi prometteuse que des implants de poils de votre méchant caniche nain, JR.
M&M 's coiffure, c'est Moche et Méchant, Médiocre et Méprisant, Minable et Misérable!
François-Alban: Tu y as été un peu fort, non?
Stéphane: Tu trouves?
François-Alban: C'est toi qui est un peu méchant, je trouve.
Stéphane: Tu fais bien de me le dire, j'ai édulcoré.
François-Alban: Ces gens ne sont peut-être pas si méchants que ça, il ont peut-être aussi connu des drames.
Stéphane: Tu as sûrement raison, les méchants sont toujours malheureux, mais justement, ce n'est pas une raison pour se venger sur les autres.
François-Alban: Ben, et toi alors, c'est quoi ton excuse?
Stéphane: Ah non, moi ça va très bien, c'est juste le déconfinement, j'avais besoin de me lâcher.
François-Alban: Ah bravo! Je te félicite.
Stéphane: Euh, Alban, tu es au courant quand même que ce ne sont pas de vraies personnes et que ces histoires sont fictives?
François-Alban: Tu veux dire que ces personnes n'existent pas vraiment?
Stéphane: Évidemment. Comme...
François-Alban: Quoi?
Stéphane: Rien.
François-Alban: Tu as dis comme et tu t'es arrêté. Comme quoi? Comme qui?
Stéphane: Rien, personne.
François-Alban: Je déteste quand les gens ne finissent pas leurs phrases.
Stéphane: C'est moi qui commence et finis les tiennes, alors. Allez, dis au revoir aux lecteurs maintenant.
François-Alban: Ne me parle pas comme si j'étais ta marionnette!
Chers lecteurs, merci de votre attention et de votre fidélité, moi je retourne dans ma boîte à lettres, à suggestions, à questions jusqu'au prochain numéro. Ici Pinocchio, à vous les studios...
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