Pour les Hipsters évitant les congères,
le retour de l'hiver, c'est un peu la guerre.
(vers très scolaires)
C'est aussi l'occasion d'assister à un show improvisé d'Holiday On Ice, dont tous les 20h se régalent.
Alors pour ne pas se faire afficher le cul surgelé, mieux vaut garder la tête froide...
Je me suis donc rendu ce matin remplir un devoir administratif, qui s'est révélé très sportif.
D'habitude j'y vais en courant.
Aujourd'hui j'y suis allé en power plate manifestement, puisque j'ai mal aux cuisses.
Et d'observer les différentes techniques adoptées par mes congénères congelés.
Pour ne pas avoir l'air con moi même.
Pas évident de garder la fashion attitude quand on adopte la marche de l'empereur.
Par temps de verglas, le Hipster souffre.
L'un zigzague comme un patineur un soir de programme court.
Point positif: son slim fait bien collant de champion d'Europe.
Point négatif: ses bottines non semelées ne lui assurent aucune prise sur la glace, et risquent bien de le faire chuter en bas du podium.
Il pense à ceux qui ont lancé le mouvement, dans les années 40, et qui ne devaient pas profiter à l'époque des sableuses.
Heureusement certains jettent du sel sur les trottoirs, il paraît que ça porte bonheur.
De plus, pas facile de se reconnaître entre eux par ce temps.
Tout le monde porte un bonnet.
Impossible donc de distinguer un vrai hipster d'un faux pauvre.
Pas de pitié non plus pour cette demoiselle, qui tente de tweeter ou de textoter, avec ses écouteurs en guise de cache-oreilles.
Ainsi privée de la vue et de l'audition, son équilibre précaire risque bien de lui développer très vite le sens du toucher sol.
Seule technique valable pour s'en sortir sans hanche artificielle: le planté de talon.
Ce Fantasia servi bien frais se poursuit tandis que j'aborde la place des Victoires, défaite par la neige.
Et au détour d'une ruelle, un jeune homme m'apostrophe en me demandant de patienter, le temps que derrière le coin, on finisse de tourner un plan.
Me voilà donc plongé, deux minutes plus tard, soixante ans en arrière, manège en bois, gendarmes à capes, vélos vintage et figurants résistants au froid ou bons collabos du septième art.
Aucun hipster signalé, cependant.
Le mouvement n'arrivera en Europe que quelques années plus tard, retardé par le gel, sans doute.
Un retour vers le futur qui a le don au moins de me sortir pour un temps de l'âge de glace.
En effet, ils ont enlevé toute la neige à la pelle, pour être raccords avec l'appel du 18 juin, j'imagine.
Une fois le devoir accompli, il ne me reste plus qu'à faire le chemin inverse, avec le gros avantage d'avoir repéré les lieux.
30 minutes à l'aller, 20 au retour.
Le tout étant de ne pas relâcher sa vigilance, comme ce monsieur qui n'hésite pas à courir pour happer un taxi, quitte à faire le trajet en ambulance.
Certains ont tendance à confondre hipster et Plastic Bertrand, puisqu'ils ouvrent les bras en glissant, comme pour dire"ça plane pour moi".
Rentré sain et sauf, c'est pour ainsi dire la libération.
Mais je n'aimerais pas aujourd'hui être infirmier urgentiste.
Parce qu'entre les hispters à hanches cassées (broken hips, jeu de mots, humour) , les brindilles à talons fêlés, et les patineurs amateurs et inconscients, franchement, ça doit être un peu la guerre...
illustration: affiche scolaire Rossignol.