Bien plus qu'une tradition, un cycle.
Après Ne riez pas c'est le printemps, Ne riez pas c'est déjà le printemps, voici un nouveau chapitre de cette éloge du renouveau...
Tu ne l'as même pas remarqué, mais ta doudoune pleure et dégouline sur une chaise.
Tu ne t'en es pas aperçu, mais ça fait trois mois que les jours rallongent.
Tu ne l'as pas capté, mais dimanche dernier tu as pris des couleurs sur le nez en contemplant un vol de mouettes cendrées s'élever depuis le fleuve irisé par un soleil encore timoré.
Ce n'est pas une surprise et pourtant c'est la même chose chaque année : Le printemps te surprend autant que tu l'as attendu.
Tu étais tendu comme un string à un cours de body pump.
Tu guettais son arrivée par la fenêtre chaque matin, espérant que l'aube darde ses rayons humides de rosée sur ta chair gonflée par la sève. Tu faisais même des poèmes érotico-tartes.
Tu as envie de porter des shorts, des débarbeurs, d'être en maillot ou même sans, mais tu sais que l'écart entre les températures et tes désirs prématurés de bronzage devrait t'inciter à la plus grande pudeur.
Tu tentes quand même la tenue légère et printanière "façon pique-nique à carreaux en bord de Marne" pour aller bosser, et tu te retrouves avec le nez qui coule jusque dans la Seine.
Tu viens de te souvenir de l'an dernier, que tu as fais pareil, et que tandis que les autres profitaient enfin des premières chaleurs, toi tu transpirais dans ton lit en regardant un ciel aussi bleu que toi tu étais vert.
À eux les premiers rosés en terrasse, à toi la dernière tisane au thym et au miel.
À eux les UV en 3D, à toi les montagnes de mouchoirs jetables façon Vésuve en irruption au pied de ton lit.
À eux les cartes postales, les balades en forêt et les tapis de fleurs, à toi les documentaires sur la protection des koalas à 3h du matin, nouvelle heure.
Alors cette année, tu t'es juré que tu ferais gaffe, tu en as remis une couche,tu as gardé ta culotte, ta petite layette en laine, ton bonnet en crochet, ta petite écharpe en pilou pilou,ou tout autre vêtement divers, en te moquant bien de ceux qui ont déjà lyophilisé cachemires, yaks, et polaires.
Bon eux aussi se foutent un peu de toi, mais tu n'en as cure thermomètre.
Toi au moins, tu profiteras du printemps, le vrai quand il sera là au joli mois de mai.
Bon printemps à toutes et tous ceux qui toussent.
PS: Merci à Rachid Benbouchta, top model belge de l'époque.
Lire les autres Ne riez pas.
