Bienvenue au White Lotus, petit paradis niché au coeur de l'île d'Hawaï, et accessoirement mini série phare de l'été, produite par HBO.
Hôtel de la plage:
Créée, écrite et réalisée par Mike White (facile à retenir), le feuilleton ensoleillé nous emmène en vacances dans cet eden américain, où une dizaine de protagonistes vont profiter des eaux translucides mais aussi parfois réveiller les volcans...
Le pitch est à la fois simple, varié et délicieux comme un buffet petit déjeuner cinq étoiles:
Armond, manager de l'hôtel, reçoit les nouveaux arrivants que sont une parfaite famille américaine, un couple en lune de miel, et une femme en dépression qui vient de perdre sa mère. Tel un artiste, il orchestre le show délivré à ses clients par une équipe professionnelle et dévouée.
Mais on sait que dans toutes les vacances, dans tous les mariages, et dans toutes les familles, tout ne se passe toujours pas exactement comme prévu. On sait aussi dès le début que l'un des personnages principaux ne passera pas l'été.
Meurtre au soleil:
Dans ce choeur façon Agatha Christie, les personnages et les acteurs rivalisent par leur singularité:
Murray Bartlett (Armond), vu notamment dans Looking, campe ici un succulent directeur au sourire angélique, mais toujours en proie à ses propres démons.
Jennifer Coolidge, au talent comique plus que reconnu, trouve (enfin) en Tanya un personnage à la mesure de sa démesure. Échouée sur l'île telle une baleine à la dérive, elle va naviguer en eaux troubles pour enfin se révéler aux autres.
Connie Britton excelle dans le rôle de Nicole, successful woman, control freak et pilier de famille, qui enfoui ses failles au plus profond d'elle même.
Steve Zane ( Mark), son époux, dévoile au contraire toutes ses faiblesses, au moment de recevoir les résultats sur un présumé cancer des testicules.
Leurs enfants Quinn (Fred Hechinger) et son aînée Olivia (Sydney Sweeney), ainsi que son amie Paula (Brittany O'Grady) animent les débats à table, fument de l'herbe dans le salon, ou filent un mauvais coton, c'est selon.
Sans oublier Natasha Rothwell, délicieuse Belinda, directrice du spa et gourou en positive attitude qui trouve en Tanya non seulement un cas d'école, mais une possible porte de sortie.
Alexandra Daddario , alias Rachel qui épouse un riche fils à Maman et Jake Lacy en Shane/ époux/ emmerdeur professionnel referment de leur marche nuptiale trop belle pour être vraie cette distribution bigarrée et bientôt égarée.
Nouvelles vagues:
Ces archétypes sont à l'image des papiers peints qui décorent les suites: hauts en couleurs, un peu clichés, mais dont les nuances se révèlent comme les couches d'un oignon (l'image est choisie).
Certes on évite pas les vagues de sujets "à la mode", de black lives matter à #metoo, de la culpabilité des colons US à la virilité menacée. On est dans une série américaine, et ça s'entend. Mais ce qui s'entend aussi, c'est justement les subtilités apportées par les dialogues, les acteurs, et globalement un heureux mélange sucré salé, doux amer, et parfois acide et cru servi bien frappé au bar de la piscine.
Et la série présente l'une ou l'autre scènes inédites (c'est le moins qu'on puisse dire) et parfois même limite (tant elles sont inédites).
Seul bémol (le mot juste): la musique quasi omniprésente, parfois gênante, souvent oppressante. On imagine qu'elle est voulue aussi incontournable que la nature sauvage, pour rajouter à l'atmosphère tantôt étouffante, tantôt ébouriffante. Fallait juste en mettre un peu moins, c'est tout.
Tout les pions sont en tout cas en place sur l'échiquier fleuri pour que les mères se déchaînent, que les femmes se libèrent, que les hommes se retrouvent, et que la comédie vire au drame.
Car on le rappelle, il n'y a pas que les squelettes dans les placards, il y a aussi un corps dans l'avion du retour.
Et si les vacances semblent être bien ratées, la série, elle est plutôt très réussie.
The White Lotus, à voir sur HBO.
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