Une jeune femme américaine, fashion addict et pleine de rêves, vit une aventure professionnelle et personnelle trépidante dans une des villes les plus sexy du monde.
Oui je sais, Ring a Bell? comme on dit en english.
Si ce n'est Sex and the City, c'est donc sa soeur : Emily in Paris, la nouvelle série de Darren Starr, créateur de la franchise Carrie Bradshaw Corporation.
Pot pourri de clichés sur les frenchies ou miroir déformant de la vie parisienne, la série cartonne pourtant, et même en France, on imagine en partie juste par curiosité malsaine.
Alors puisque tout le monde a un avis sur la question, il fallait bien en avoir le Sacré Coeur net...
NB: les mots en italique sont à lire avec l'accent américain.
No French and the City:
Le premier épisode nous laisse exactement là où on avait laissé Carrie Bradshaw. Dans un Beautiful Paris, entre le Palais Royal et le Panthéon, en s'arrêtant brièvement sur l'Île Saint Louis. Un Paris qui existe, certes, mais tellement réduit à une carte postale qu'il en devient risible pour ceux qui y vivent.
La pauvre Emily, overlookée le lundi matin, et qui ne pipe pas un mot de français, découvre très vite à ses dépends le mode de vie des parisiens hostiles:
Un Paris où les gens sont agressifs, mal élevés, jettent leurs cigarettes par terre et ne ramassent pas les crottes. Bon, le problème c'est que ça, ce n'est pas un cliché, c'est un fait.
Evidemment, il y a les pan ô chocolatte, les marchés au fromage (toujours porter un chapeau on est encore plus repérable) le voisin sexy de l'étage en dessous qui -tiens donc- est justement le chef de la pittoresque brasserie en bas de l'immeuble. Ratatouille everywhere, comme dit très justement Emily à son boyfriend resté à Chicago.
Emily ne prend pas le métro ni le RER (what?). Emily ne se fait pas tirer son portefeuille par des mendiantes qui essayent de lui faire signer une pétition pour les malentendants sur l'incontournable Pont des Arts. Emily n'entend pas les voitures klaxonner, les sirènes hurler, les automobilistes s'engueuler avec les usagers de trottinettes. Emily fait la traversée de Paris comme si tous les jours étaient un weekend du quinze août.
Le Diable s'habille en trois secondes:
Si au boulot tout le monde la déteste, évidemment en un épisode et demi, elle s'est déjà fait des alliés (le black queer coleague et le lunaire sympa), et sa rivalité avec sa boss Sylvie promet quelques moments très The Devel wears Louboutin.
Et si elle a des coups durs, ou des coups de mou, elle peut compter sur sa nouvelle amie, fille de millionnaire chinois affranchie devenue nounou de deux bambins à qui elle enseigne le mandarin. Oui ça fait presque un peu trop de l'écrire. Et encore vous n'avez pas vu son grand méchant look. Sérieux, on dirait une péripatéticienne du haut de la rue Saint Denis ( l'Asie du Nord Est).
Les choses ne s'annoncent donc pas (on s'en doutait un peu) aussi Le Vie en Rose que prévu, donc. D'ailleurs, il commence à pleuvoir, c'est fou, non?
Oui sauf qu'aux USA tout va plus vite et qu'au bout du deuxième épisode:
- Emily se fait draguer par tous les french lovers du plus cute au plus libidineux.
- Le boyfriend est très vite effacé de la carte postale.
- Brigitte Macron retweete un de ses posts Instagram.
Vivement l'épisode du 14 juillet où, entre deux chefs d'états, elle siège en tribune officielle et agite un drapeau américain en sirotant son latté made in Starbucks.
Darren Starr lit ce blog?
On ne voit donc pas très bien où cela nous mène, même si sur De Profil on a une idée sur la question depuis longtemps déjà : on avait en effet prédit la vraie suite de Sex & The City, où Carrie devenait entre autres pilier de bar de la rue de Charonne.
Donc de deux choses l'une:
Soit Emily prend la tête de la compagnie (dont le nom m'échappe tellement c'est improbable ces noms français choisis par des amerloques) lors d'un real coup d'état, et devient plus parisienne que Coco Chanel, Marion Cottillard et La Goulue réunies, met la capitale à ses pieds, épouse un acteur français ou un joueur brésilien du PSG, se marie à Versailles, et achète le rooftop de Notre Dame pour en faire son appart.
Soit elle se lance dans un ménage à trois avec sa boss et son amant (les français sont tous des dépravés), se trompe de métro pour un date, prend la ligne 13 jusqu'à Saint Denis, se perd dans une cité et prend un aller simple pour Chicago après une expérience sexuelle traumatisante dans une No Go Zone. Autre cliché.
Emily vit dans un Paris rêvé, fantasmé, irréel, tout le monde l'a dit ou écrit. Un Paris déjà décrit par Darren Star dans deux épisodes de la dernière saison de Sex & The City. Le même. Peut-il en être ainsi deux saisons?
Il faut donc regarder (ou pas) Emily in Paris pour ce qu'elle est: une comédie romantique en série, sur fond de carte postale, sans pass navigo, sans covid 19 et sans sdf.
C'est la vie...
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