The Grand Budapest Hotel: du Wes Anderson quatre étoiles...
La critique est aisée surtout quand elle est facile.
Et elle reste subjective, sauf si on prend la peine de consulter les 7 milliards, 197 millions 618 mille et 871 êtres humains (à 6h52' ce 27 février 2014) au préalable.
Dès lors, pourquoi ne pas se prêter pour une fois au jeu de la critique à l'aveugle, avec un enthousiasme aussi béat que prémonitoire.
En résumé: je n'ai pas encore vu, et j'aime déjà...
Le Molière Texan:
Wes Anderson, pour ceux qui débarquent , c'est quelqu'un qui ne fait pas les choses pour plaire (ou pas que) mais qui fait visiblement les choses comme il lui plaira.
Révélé au grand public grâce à The Royal Tenenbaum.
Ce bijou cinématographique sous forme de métaphore immobilière sur la famille en décrépitude, réunit déjà à l'époque tous les ingrédients de son code de la déroute, qu'on savoure depuis avec délectation:
- Un lieu central (même si c'est un train ou un bateau)
- Une galerie de personnages farfelus ( que tout Hollywood se presse d'interpréter)
- Une intrigue parfois très simple mais dont les rebondissements successifs voire incessants rendent à la fois désopilante, charmante, et parfois même émouvante.
Car sous le baroque, se cache l'être souvent vil, mais pas vilain.
Si le cinéma n'existait pas, Wes Anderson serait sans doute le Molière Texan.
Les talents se bousculent au portillon.
Nous sommes complets:
Maniant la farce, l'absurde et le désespérément concret de la nature humaine avec maestria, il orchestre ses films à la manière d'un marionnettiste:
Changeant ses décors de papiers, faisant surgir ses personnages là où on les attendait le moins, chaque film est une pochette surprise qui aurait mangé des poupées russes.
Ce folklore jouissif, on le retrouve dès les premières images de la bande annonce de The Grand Budapest Hotel, lorsqu'on entend dire Gustav H (Ralph Fiennes) au policier Henckels (Edward Norton):
- Elle a été assassinée, et vous pensez que c'est moi?
Puis prendre aussitôt la poudre d'escampette (il n'y a pas d'autre mot).
Cette fable baroque de l'entre deux guerres réunit encore une fois une brochette impressionnante de talents qui se bousculent au portillon de l'hôtel:
- des habitués de la maison comme Bill Murray, Owen Wilson ou Adrien Brody.
- des nouveaux arrivants dont Jude Law, Léa Seydoux, Mathieu Amalric, ou Tilda Swinton.
Et encore beaucoup d'autres, nous sommes en effet en surbooking.
Room Service:
On devrait également y trouver les délices qui nous ont régalé jusque là, comme c'était le cas dans le dernier en date, Moonrise Kingdom (Scout always).
Des secrets et des polichinelles, des amours infirmes, et de la fantaisie servie à la chantilly.
Une toile convoitée, des méthodes policières millimétrées, et au milieu de tout ça un Lobby Boy (sorte de Spirou malgré lui) qui tente de vivre une romance au milieu du chaos avec son Agatha:
The Grand Budapest Hotel s'annonce donc comme du Wes Anderson quatre étoiles.
Bien sûr, si je venais à être déçu du service, la chute serait vertigineuse.
Mais, s'il y a bien une chose sur laquelle je fais confiance à Wes Anderson, c'est que justement, il sait soigner les chutes.
Et ça, c'est Palace!
P1000 -34